Cap au sud !

Partons vers Bonifacio (Corse-du-Sud), là où finit, presque*, la France métropolitaine.

Sa plus célèbre enfant est la comédienne Marie-José Nat (1940-2019) qui y naquit Marie-José Benhalassa d’un père militaire originaire de la région de Constantine en Algérie et d’une mère corse, bergère de son état.

Devenue célèbre dès l’adolescence (mannequin, elle avait remporté un concours lui offrant le premier rôle d’un roman-photo avec Jean-Claude Pascal ; ce dernier inventa son pseudonyme en découvrant ses longues tresses), elle devint en quelques années une comédienne populaire (faisant en mars 1960 la couverture du premier numéro, de 7 Jours, futur Télé 7 jours),

tournant sous la direction d’Henri-Georges Clouzot (La Vérité), Gérard Oury (La Menace), Alexandre Astruc (L’Éducation sentimentale où elle incarnait madame Arnoux, Jean-Claude Brialy jouant Frédéric Moreau), André Cayatte (La Vie conjugale), Claude Autant-Lara (Journal d’une femme en blanc) mais surtout de Michel Drach (mort en 1990 et inhumé au Père-Lachaise) qui fut son deuxième mari

(elle avait été d’abord, fort brièvement, l’épouse du comédien Roger Dumas, futur parolier de Chantal Goya) et lui confia ses deux plus grands rôles, celui d’Élise dans Élise ou la Vraie Vie, en 1970 et quatre ans plus tard, celui de son épouse, et de sa mère, dans  Les Violons du bal qui lui valut  le prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes.

Sa carrière au théâtre fut moins riche (notons le Désiré, de Sacha Guitry, mis en scène par Jean-Claude Brialy en 1984) tandis que la télévision lui offrit entre autres d’incarner à ses débuts le Chérubin du Mariage de Figaro (1961) et à l’âge mûr Sido, mère de Colette (Marie Trintignant), en 2003.
Au plan privé, elle fut longtemps la compagne de Victor Lanoux avant d’épouser en troisièmes noces Serge Rezvani, artiste complet qui dit avoir plusieurs arcs à sa flèche, aujourd’hui âgé de 95 ans.

Elle qui ne manquait pas de dire Je suis une « chèvre corse » animée d’une volonté farouche de réussir possédait une maison exceptionnelle à Bonifacio, un « Palazzino », édifiée comme un défi à l’équilibre, au sommet de la falaise, d’où s’aperçoivent les si proches côtes sardes, témoignant encore aujourd’hui de ce que fut son attachement à sa ville natale.



Elle mourut, d’un cancer, à Paris en 2019 mais ne pouvait reposer ailleurs qu’auprès de ses parents, au célèbre cimetière marin de Saint-François, où les chapelles blanches dominent la mer pour composer un paysage funéraire sans équivalent.

Tombe qui n’est pas facile à trouver, le seul mot PAX figurant au fronton du monument (prendre à gauche en entrant et s’arrêter sur la première placette), et que de nombreux visiteurs frôlent sans rien remarquer.

* Les amoureux de précision objecteront que d’autres cimetières de France métropolitaine sont situés encore plus au sud que Bonifacio, sur l’archipel des îles Lavezzi ; certes, mais nulle célébrité de premier plan ne s’y trouve. Je vous les présenterai bientôt ici.