Tant de bêtises entendues, dans la bouche de ces pseudo-guides qui racolent le touriste dans les allées et que le Père-Lachaise a vu croître puis se multiplier ces derniers temps, aux abords de la tombe du chanteur Mano Solo (1963-2010) et de la plaque Les Enfants de Fazasoma qui la surmonte m’obligent à écrire ici la vérité plutôt que de laisser sa mémoire continuer d’être éraflée.
Je cède, en l’occurrence, la parole à l’artiste lui-même, dont on pouvait ne pas épouser toutes les indignations mais à qui personne ne fera le reproche d’avoir été insincère :

Tombe de Mano Solo

Tombe de Mano Solo

Pourquoi mon soutien à cette association et pas une autre ? Parce qu’en celle-ci j’ai confiance. Parce que je connais depuis 1969 Francine, la dame qui l’a fondée avec son amie Claude et ce temps a créé des liens et de la confiance. Mais surtout j’admire l’intelligence et la sensibilité de Francine, femme du peuple ayant voulu profiter de sa retraite en s’offrant un voyage à Madagascar. Elle n’est pas revenue ici en racontant à ses voisins : – Vous auriez vu cette misère ! ça fait peine à voir… – Non, elle est revenue dégoûtée, et surtout révoltée. Alors elle a dit à ses voisins : – Je repars là-bas faire quelque chose pour aider les enfants des rues. J’emporte ma retraite mais ce n’est pas suffisant, voulez-vous m’aider ? – C’est comme ça qu’est née Fazasoma. L’intelligence de Francine lui vient de ses petits moyens. Il n’est pas question de distribuer de l’argent, ou quelques couvertures de temps en temps, mais bien de s’attaquer au problème à la base en créant des structures sociales pour tous et des outils pour fédérer les villages en coopératives. c’est de l’action qui est à mettre en place, pas un tampon sur des jambes de bois. Ce sont donc les Malgaches eux-mêmes qui sont au coeur des réalisations de Fazasoma à partir des moyens que nous pouvons leur apporter d’ici, c’est à dire de l’argent. Il y a quelques années, nous avons rempli le Bataclan pour cela, et cet argent a fait faire un bond en avant aux constructions, maintenant terminées et qui accueillent, logent, nourrissent, éduquent, soignent amènent à l’autonomie des enfants, des femmes et des homes de la rue qui avaient perdu l’espoir. Plus tard, une vente de quelques-uns de mes dessins a été organisée et a rapporté une somme non négligeable à l’association. C’est énorme ce que l’on peut faire là-bas avec notre peu d’ici…

(texte tiré du livret du disque compact Mano Solo à l’Olympia, enregistré deux mois avant sa mort et vendu au profit de Fazasoma).

On pourra consulter :
www.fazasoma.org
www.manosolo.net

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