Dimanche d’élection, l’Assemblée nationale renouvelle ses cadres. On ne saurait trop profiter de ce jour pour conseiller l’excellent ouvrage de Bruno Fuligni, La Chambre ardente dont le sous-titre annonce Aventuriers, utopistes, excentriques du Palais-Bourbon (Les Éditions de Paris Max Chaleil, 2001). Une étonnante galerie de députés hors du commun, utopistes acharnés, hurluberlus de tout poil, visionnaires de haute volée et même un authentique imposteur ainsi qu’un chansonnier proxénète !

Dans cette galerie de portraits, le célèbre chanoine Félix Kir (1876-1968) qui fut maire de Dijon de 1945 jusqu’à sa mort (à quatre-vingt-douze ans !) et député jusqu’en 1967. Il devait son curieux patronyme à l’initiative d’un de ses ancêtres révolutionnaires qui s’était baptisé Kir, ne souffrant pas de s’appeler Sébastien Curé ! Siégeant en soutane à l’Assemblée, il se faisait remarquer par ses extravagances et son sens de la répartie. Comme on lui objectait qu’il était difficile de croire en un Dieu qu’on n’avait jamais vu, il lança un jour à son détracteur « Et mon cul, tu l’as vu ? Pourtant, il existe ! »

Inventeur de l’apéritif qui porte son nom (mélange de crème de cassis et de vin blanc aligoté), volontiers mégalomane (il rêvait du prix Nobel de la Paix et se voyait en médiateur entre deux autres « K », Kennedy et Khrouchtchev; il rencontra, du reste, ce dernier à Moscou), ce pittoresque doyen de l’Assemblée ne fut pas réélu en 1967 et mourut l’année suivante. On le porta en terre dans son village d’Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or). Il aurait demandé à avoir pour épitaphe une ultime boutade (de Dijon…) : Kir y est !

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