Le 10 septembre 1995, après neuf ans de lutte contre un cancer de la gorge, mourait Charles Denner.
Il m’arrive de citer son nom durant mes conférences en présentant les tombes de François Truffaut, qui lui offrit son rôle cardinal, celui de Bertrand Morane (L’Homme qui aimait les femmes en 1977) après l’avoir déjà choisi pour La Mariée était en noir (avec Jeanne Moreau, précisément inhumée à quelques mètres de Truffaut, au cimetière Montmartre) et Une belle fille comme moi, de Claude Chabrol qui en avait fait son prodigieux Landru (1962) ou de Chantal Akerman qui le dirigea dans son dernier film, Golden Eighties (1986).
Chaque fois, les commentaires du public sont unanimes, saluant sa justesse, sa présence, son timbre uniques.
Fils d’une famille juive originaire de Galicie, entré dans la Résistance à seize ans (décoré de la croix de guerre), fort des Halles pour payer ses cours de théâtre, engagé par Jean Vilar dans la troupe du TNP, ses premières apparitions au cinéma (Ascenseur pour l’échafaud, en 1957) et sa composition de Gori (Goering) dans La Résistible Ascension d’Arturo Ui en 1960 l’avaient fait remarquer par Chabrol. La suite est connue, des Pieds Nickelés (de Jean Claude Chambon, en 1964) où il joue Filochard aux côtés de Rochefort (Croquignol) et Galabru (Ribouldingue) à Z de Costa-Gavras (1969) en passant par cinq films avec Claude Lelouch, dont L’Aventure c’est l’aventure en 1972.
C’est au fond du cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine), 107è division, qu’il repose avec les siens.