Il y a cinquante-sept ans aujourd’hui, le 11 juin 1955, les 24 Heures du Mans connaissaient la pire tragédie de toute l’histoire du sport automobile. La voiture de Pierre Levegh (inhumé au Père-Lachaise, 93è division), décollait devant les tribunes et ses divers éléments venaient tuer plus de quatre-vingts spectateurs. La course ne fut pas interrompue afin de ne pas jeter sur les routes des milliers de spectateurs frustrés qui auraient ralenti la progression des secours.

Ce drame éclipsa, le même jour, l’assassinat à Casablanca d’un personnage singulier, Jacques Lemaigre-Dubreuil. Industriel (P.D.G. des Huileries Lesieur; il était le gendre de Georges Lesieur, inhumé à Paris, au cimetière de Passy), patron de presse, ancien militant d’extrême-droite dans les années 30, proche de la Cagoule, entré en Résistance au point d’être l’un des artisans du débarquement allié en Afrique du Nord, il était devenu sous la IVè République un proche de Pierre Mendès-France et d’Edgar Faure, et surtout un partisan farouche de l’indépendance du Maroc. Il fut abattu dans la soirée de ce samedi 11 juin, devant son immeuble (le célèbre Liberté, premier gratte-ciel construit en Afrique du Nord; l’endroit se nomme aujourd’hui place Lemaigre-Dubreuil) par quatre hommes qu’on identifia mais qui échappèrent à tout jugement et bénéficièrent d’une loi d’amnistie.
François Broche, qui a longuement étudié cette affaire trouble, écrit : Cet assassinat est une opération, en principe, couverte par « Présence française » et la fameuse « Main rouge ». En réalité y sont impliqués pêle-mêle policiers et truands casablancais, d’importantes personnalités politiques françaises et le service « Action » du S. D. E. C. E.

Loin du Maroc, Jacques Lemaigre-Dubreuil repose à Larchant (Seine-et-Marne).

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