Auguste Thin (1899-1982), qui désigna en novembre 1920 le Soldat inconnu, repose au cimetière ancien d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

J’emprunte les lignes qui suivent au livre de Léo Larguier Le Soldat inconnu (Plon, 1939).

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Une année passa sur ce jour de gloire, et, le 8 novembre 1920, les Chambres votèrent ces deux articles, à l’unanimité :

« ARTICLE PREMIER. – LES HONNEURS DU PANTHÉON SERONT RENDUS AUX RESTES D’UN DES SOLDATS NON IDENTIFIÉS MORTS AU CHAMP D’HONNEUR AU COURS DE LA GUERRE 1914-1918. LA TRANSLATION DES RESTES DE CE SOLDAT SERA FAITE SOLENNELLEMENT LE 11 NOVEMBRE 1920.

ATICLE II. – LE MÊME JOUR, LES RESTES DU SOLDAT INCONNU SERONT INHUMÉS SOUS L’ARC DE TRIOMPHE. »

Le sergent André Maginot, grand blessé de guerre qui était devenu ministre des Pensions, transmit le voeu du Parlement, avec un ordre, aux neuf commandants des régions qui représentaient la zone tenue par les armées pendant quatre ans.
Il leur enjoignait de faire exhumer « dans un point de chaque région, pris au hasard et qui devait rester secret, le corps d’un soldat identifié comme Français, mais dont l’identité personnelle n’aura pu être établie.
« Ce corps sera placé dans un cercueil de chêne et dirigé en automobile sur Verdun. »
L’ordre fut exécuté, mais il n’y eut que huit cercueils parce qu’il fut impossible d’identifier, comme Français le neuvième corps.
La dernière dépouille sacrée arriva à Verdun au milieu de l’après-midi, et, dans une galerie de la Citadelle transformée en chapelle ardente, on exposa les bières de chêne sur quatre catafalques.
Elles venaient de l’Artois, de la Somme, de l’Île-de-France, du Chemin des Dames, de la Champagne, de Verdun, de Lorraine et des Flandres.
Une compagnie du 132e régiment d’infanterie s’alignait le long des murs.
Le ministre, s’appuyant sur deux cannes, la passa en revue, puis il s’arrêta devant un engagé volontaire de la classe 1919, dont le père était mort à la guerre, et, roidi au garde à vous, il dit, une touffe d’oeillets rouges et blancs à la main :
« Soldat, voici un bouquet de fleurs cueillies sur les champs de bataille de Verdun, parmi les tombes de tant de héros inconnus. Ce bouquet, vous allez le déposer sur un des cercueils. Ce cercueil sera celui du Soldat que le peuple accompagnera demain du Panthéon à l’Arc de Triomphe. Suprême hommage, le plus splendide que la France ait jamais rendu à l’un de ses enfants, mais qui n’est pas trop grand poiur celui qui symbolise la vaillance française dont le sacrifice anonyme a sauvé la patrie, le droit et la liberté… »

(…)
Le ministre ayant parlé, le jeune soldat de la classe 19 prit les oeillets rouges et blancs et sortit du rang.
Pâme et fier, gravement, lentement, il parcourut la galerie, s’arrêta devant le cercueil placé à gauche du troisième catafalque et y déposa son bouquet.
Sous les voûtes qui avaient entendu les plus effroyables orages de la guerre, la
Marseillaise s’éleva !…
Le Soldat inconnu était désigné…

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Ce jeune engagé de la classe 19 s’appelait Auguste THIN (1899-1982) et était originaire de la Manche.

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Écoutons-le raconter lui-même ce moment d’Histoire, et expliquer son choix, en 1961.

Il repose dans une grande discrétion au cimetière ancien d’ASNIÈRES-sur-SEINE (Hauts-de-Seine).
Cent ans après, n’oublions pas.

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