« Sainte Joséphine Baker ». Ainsi est-elle qualifiée dans le texte « Rimes féminines » (mis en musique et chanté par Juliette) que Pierre Philippe dédia aux femmes admirables de tous les temps et de tous les pays.

De Saint-Louis, Missouri, au cimetière de Monaco, sa trajectoire raconte l’histoire du music-hall et croise la grande Histoire.

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Lorsqu’elle fut engagée en 1925 pour être une des vedettes de la « Revue Nègre » au théâtre des Champs-Élysées, la jeune métisse Freda Josephine MacDonald (son véritable nom) n’avait pas encore vingt ans mais déjà derrière elle une enfance difficile marquée par l’obligation d’aider sa mère domestique pour subvenir aux besoins d’une fratrie de quatre enfants dont elle était l’aînée, plusieurs années de carrière comme danseuse de rues puis sur les scènes de Philadelphie et de Broadway mais aussi deux mariages (le premier à treize ans, le deuxième à quinze) suivis de deux divorces.

Révélation du spectacle avec son charleston endiablé, revêtue d’un pagne de bananes, elle devint une icône des Années folles, triomphant au Casino de Paris comme aux Folies-Bergère, chantant bientôt d’une voix flûtée qu’elle avait « deux amours, (s)on pays et Paris », paroles de Géo Koger (enterré au cimetière Montparnasse) sur une musique de Vincent Scotto (inhumé, bien sûr, à Marseille, au cimetière saint-Pierre).

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Devenue une immense vedette, en partie grâce à son compagnon et impresario italien Pepito di Abatino, elle enchaîna jusqu’à la Seconde guerre mondiale revues (allant jusqu’à éclipser Mistinguett), chansons, films (sans grand succès), liaisons (si l’architecte Le Corbusier semble s’être arrêté à l’amour platonique, Colette ou Frida Kahlo furent ses amantes), jusqu’à son (troisième) mariage, qui lui valut la nationalité française, avec le jeune industriel sucrier Jean Lion pour qui elle se convertit au judaïsme.

À nouveau divorcée en 1940, elle démontra son courage et son amour pour sa nouvelle patrie en s’engageant pour la France libre et en menant une guerre héroïque qui lui valut la Croix de guerre et la médaille de la Résistance française.

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Ne pouvant avoir d’enfants, elle entreprit après la Libération de réaliser son rêve, celui de la « tribu arc-en-ciel » : adopter avec son quatrième mari, le chef d’orchestre français Jo Bouillon, douze enfants de toutes origines et les élever dans son château dordognot des Milandes.

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Ruinée par cette entreprise (au sommet de sa gloire, Brigitte Bardot avait lancé pour elle un appel aux dons à la télévision), séparée de Jo Bouillon, elle fut soutenue matériellement à la fin de sa vie par la princesse Grace de Monaco et mourut d’une hémorragie cérébrale alors qu’elle entamait un triomphal retour sur scène à Bobino pour célébrer ses cinquante ans de carrière.

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Après des funérailles télévisées, son ultime voyage la conduisit au cimetière de Monaco où sa tombe, dans laquelle Jo Bouillon l’a rejointe, voisine avec celle de Marie Bell et Jean Chevrier. Concession et monument furent offerts par la princesse Grace en témoignages d’amitié et d’admiration à celle qui fut un modèle de courage et de volonté en même temps que la première icône noire.

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Le 22 août 2021, il est annoncé qu’elle sera panthéonisée le 30 novembre suivant.

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