Y’a plus d’chanson
Y a plus d’ chanteur
Y a plus d’ bonheur
Y a plus d’ boxon
Y a plus d’ boxeur
Tout fout l’ camp
Y a plus d’ français
Y a plus d’ rosière
Y a plus d’ fontaine
Y a plus d’ chalet
D’ nécessité
Tout fout l’ camp
Y a plus de vrais hommes
Y a plus de drapeau
Y a plus d’Afrique
Y a plus d’ colonies
Y a plus d’ bonniche
Plus d’ savoir-faire
Plus d’ tradition
Plus qu’ des affaires
À quoi bon
À quoi bon hurler
À quoi
Quoi bon gueuler
Le public qui m’accompagne au Père-Lachaise est naturellement de plus en plus jeune.
Or, s’il est bien un nom d’artiste populaire en train de glisser vers l’oubli, c’est, hélas, celui de Mouloudji (1922-1994), mort un 14 juin, il y a vingt-deux ans.
Je n’ai chaque fois devant sa tombe, où il repose avec son petit-fils, que quelques minutes pour rappeler, et donc souvent apprendre, les qualités de chanteur et de comédien de celui qui se disait Catholique par ma mère / Musulman par mon père / Un peu juif par mon fils / Bouddhiste par principe.
En ce jour anniversaire et en ces temps de déploration, écoutons son Tout fout l’camp (il en écrivit les paroles) dont la conclusion prouve qu’il n’était dupe de rien…
À quoi bon
Puisque c’est fini
Ou c’est moi p’têt’ moi qui vieillis