Le 15 octobre 1975, une crise cardiaque nous enlevait Jacques Charon, jeune Doyen de la Comédie-Française (il était né en 1920) qu’on enterra au cimetière Montmartre.
Huit jours plus tard (huit jours…) paraissait, chez Albin Michel, son autobiographie, Moi, un comédien.
J’y relève ce passage :
Nous sommes incorrigibles, nous sommes un public en or. Nous marchons à fond, dès que la comédie humaine prend une gueule de circonstance. Prenez nos enterrements. Hein ? Trouvez-moi plus pathétique que l’enterrement d’un Comédien-Français, quand la grande Mary Marquet, penchée sur sa tombe, corne au vent sa douleur rythmée, emplissant de tragédie fraîche le monde des morts ? Dans un cimetière, Mary Marquet est sublime. Du reste, elle le sait : elle ne manque aucunes funérailles. Je compte bien sur Mary Marquet, si je joue le rôle du cercueil avant elle. Un enterrement salopé, rien de plus sinistre.
Le malheureux ne se doutait pas que Mary Marquet, qui avait l’âge d’être sa mère, lui survivrait quelques années avant de rejoindre le même humus montmartrois…
Pour retrouver d’autres résidents fameux de la même nécropole, consultez l’article sur les célébrités du cimetière Montmartre.