La tombe de Pascal Sevran ne se trouve pas au cimetière de Morterolles-sur-Semme (Haute-Vienne), village où l’animateur, chanteur et écrivain possédait une propriété qu’il évoque longuement dans les différents tomes de son Journal aux titres fleurant la nostalgie, la France des clochers et la mauvaise saison (Lentement, place de l’Eglise ou encore Il pleut, embrasse-moi, sans oublier On s’ennuyait le dimanche et On dirait qu’il va neiger; Pascal Fioretto, dans son recueil à succès Et si c’était niais, en a proposé un brillant pastiche intitulé Ils ont touché à mes glaïeuls) mais quelques kilomètres plus loin, au coeur de la petite commune de Saint-Pardoux.
Là, dans l’angle supérieur du cimetière, un monument entretenu de façon irréprochable et aux abords fleuris, réunit l’artiste (dont seul le véritable patronyme, Jean-Claude Jouhaud, apparaît) et celui qui fut son grand amour, le chanteur Stéphane Chomont (désigné, sur la stèle, Stéphane C. 1962-1998).
Un vilain hasard voulut que la maladie emportât ce dernier un 16 octobre, jour de naissance de son compagnon. Ingratitude de la télévision qui dévore ses enfants avec l’avidité de Saturne dans le tableau de Goya, on ne parle plus guère de Pascal Sevran. Quant à Stéphane Chomont, qui s’était révélé un interprète brillant et sensible, j’ignore si on le réentendra un jour.
Aux abonnés désormais absents, citons aussi Jacques Martin qui aimait tant chaque dimanche chanter un chef-d’oeuvre de Charles Trenet dans son émission (sa mort fut un peu celle de La Folle Complainte ou de La Pavane des patronages que plus personne ne semble connaître chez les responsables des chaînes dites grandes).
Chez Pascal Sevran aussi, Trenet était à l’honneur (où ailleurs que chez lui aurait-il pu chanter Cinq ans de marine ou Le Gros Bill ?). Ma mémoire télévisuelle retient aussi le poignant Maurice Fanon au canal Saint-Martin (Oh dis, Paris), le même jour la discrète Danielle Rouillé reprenant Jean-Marie de Pantin (de Joël Holmès) ou, une autre fois, l’interprétation bouleversante de Rue Saint-Vincent par Lionel Rocheman. De quoi ne pas mériter l’oubli, toute somme, au moins en tant que passeur de talents.
Au cimetière de Saint-Pardoux se voient ces beaux médaillons de porcelaine, si fréquents sur les tombes de la région limousine. Particularité : les familles aiment proclamer de quel hameau elles sont originaires et leurs patronymes s’accompagnent d’une gentille particule qui dit l’attachement à leur terre. Pour celui qui écrivit le roman Un garçon de France, qui chantait Les Petits Français, dont les albums avaient pour titres Succès français, À la française, Ca sent si bon la France, une mention « de France » n’aurait rien eu d’illogique.