Par définition, l’arpenteur de cimetières arrive toujours trop tard.
En l’occurrence, ce fut pour moi encore plus vrai que d’habitude.

Le 11 juillet 2011 mourait à Düsseldorf le peintre allemand Norbert Tadeusz.

Célèbre dans son pays (il avait pour maître Joseph Beuys) pour ses toiles monumentales et son style figuratif (de gigantesques fleurs, des personnages nus évoluant dans d’étranges décors d’abattoirs ou de cirque, des figures christiques ou militaires), il succomba, âgé de soixante-et-onze ans, à un cancer. On l’inhuma au cimetière du Nord, principale nécropole de la ville (ouverte en 1884 et couvrant désormais 70 hectares).

Une œuvre colossale de son beau-frère, le sculpteur Christian Lemmerz (autre élève de Joseph Beuys), fut installée sur sa tombe (bien isolée de ses voisines comme souvent dans les cimetières germaniques), immense pleureuse de bronze dissimulée sous un long voile.

(Photo extraite du site publicsculptures.wordpress.com)

Imposante merveille qui fut volée (!), ainsi que dix autres sculptures (!!!), dans la nuit du 13 au 14 août 2024. À l’heure où j’écris, l’enquête se poursuit.

C’est donc un cimetière mutilé que j’ai récemment parcouru.

Chose étonnante, sur la tombe de Norbert Tadeusz trône désormais en lieu et place du chef-d’œuvre envolé sa reproduction photographique, taille réelle !

Que cet exemple soit suivi dans tous les champs de repos ainsi profanés et les cimetières seront doublement des lieux d’épreuves.