Lorsque le journalisteYves Mourousi avait annoncé son mariage avec la jeune Véronique Audemard d’Alançon, en 1985, cérémonie prévue à Nîmes durant la feria et parrainée par des sociétés commerciales, certains avaient douté de la sincérité de cet engagement et rappelé que le cœur du promis ne semblait guère s’être emballé auparavant pour le sexe opposé (hormis une chanteuse à l’irréprochable vertu qui aurait sans doute juré, si elle avait connu le mot, qu’il s’agissait entre eux d’une relation platonique).

Pour moquer cette union, Thierry Le Luron et Coluche s’étaient mariés à Paris, «pour le meilleur et pour le rire», défilant en calèche, de Montmartre aux Champs-Elysées. Aux premières loges de l’événement, je puis témoigner qu’il y avait foule ce mercredi-là et noter que, si cela ne porta pas bonheur aux deux tourtereaux qui décédèrent quelques mois plus tard (inhumés respectivement à Ploumanach et Montrouge), leurs témoins Eddie Barclay (en vamp) et Carlos (en bébé) sont également désormais passés ad patres (et enterrés à Saint-Tropez et Bourg-la-Reine).

Donc, Yves et Véronique Mourousi qui formèrent en réalité un des couples les plus en vue du Paris des années Mitterrand mais aussi un des plus unis. Les gazettes ne nous laissaient rien ignorer de leurs vacances ni de leurs projets et lorsque leur enfant parut, ce fut avec l’adoubement des échotiers.
En 1992, désireuse d’offrir à son époux, un grand anniversaire-surprise pour ses 50 ans, Véronique Mourousi avait décidé d’avancer le jour de la fête, son mari étant natif du 20 juillet, date à laquelle leurs proches auraient tous quitté Paris.
Ce soir de la fin juin, Yves Mourousi, après son émission de radio sur RMC, rentra donc chez lui, place Saint-Augustin et trouva son vaste appartement plongé dans le silence et l’obscurité. Lorsqu’il alluma la lumière, il découvrit tous ses amis, et ils étaient nombreux, que son épouse avait conviés. Il raconta ensuite que la fête avait été superbe, son bonheur, complet et que, le dernier invité raccompagné à l’ascenseur, il avait pris sa femme dans ses bras pour la remercier… et qu’elle s’était alors effondrée, inconsciente.
Foudroyée par une méningite, Véronique, qui n’avait que 31 ans, fut maintenue en vie jusqu’au 16 juillet, date à laquelle son mari préféra mettre fin à l’acharnement thérapeutique. Et, c’est le 20 juillet 1992, il y a pile vingt ans, mais surtout le jour où il atteignait ses cinquante ans qu’Yves Mourousi porta en terre, au cimetière Montparnasse, celle qu’il aimait, restant longtemps prostré devant la fosse (les journaux ne privèrent pas leurs lecteurs du cliché).

Le père de Véronique, Eric Audemard d’Alançon (1906-2001), officier de cavalerie devenu oblat, a survécu à sa fille (il était père de quinze autres enfants) et son gendre. Il repose au sublime petit cimetière de Pierrefitte-en-Auge (blotti autour de son église, sur une éminence d’où l’on découvre une Normandie de carte postale avec prés verts, vaches, pommiers et demeures à colombages.

Yves Mourousi rejoignit sa femme au printemps 1998, ayant, paraît-il, toujours dit à sa fille qu’il ne vivrait pas vieux et qu’il ne faudrait pas pleurer.
Cette histoire me revient chaque fois que je passe devant leur sépulture et aussi tous les 20 juillet, avec davantage de force cette année.

Tombeau de Véronique et Yves Mourousi

À consulter :
Programme des visites dans les cimetières de Paris

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