C’est un lieu commun que d’écrire qu’on retrouve dans les cimetières tout ce qui constitue la société humaine. Au sein d’un même enclos, tous les caractères, toutes les morphologies et tous les types sociaux. A défaut du paradis chanté par Polnareff, voilà un endroit où sont sûrs d’aller les bonnes soeurs et les voleurs, les brebis et les bandits, les saints et les assassins.

Chose plus rare, rencontrer dans la même âme le vice et la vertu, le crime et la rédemption. Au cimetière de Neuvy-sur-Loire (Nièvre) est inhumée Violette Nozière (1915-1966) qui, le 21 août 1933, tua son père et faillit tuer sa mère (elle n’avala pas toute la dose de poison que sa fille lui faisait passer pour un médicament).
Prodigieux destin que celui de cette jeune fille condamnée à mort mais grâciée par Albert Lebrun puis dont la peine de prison fut écourtée par le maréchal Pétain, pour qui de Gaulle leva l’interdiction de séjour sur le territoire dès 1945 et qui, conclusion à peine croyable, obtint d’être réhabilitée et mourut avec un casier judiciaire vierge, pleurée par ses cinq enfants et sa mère pour qui son dévouement était devenu sans limites !

Tombe de Violette Noziere à Neuvy sur Loire

On comprend qu’elle ait tant fasciné les écrivains, surréalistes en tête, et que Claude Chabrol lui ait consacré un film. Rappelons-le toujours à ceux qui aiment se raconter des histoires : pas de terreau plus romanesque que celui des nécropoles.

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