Le ciel aurait voulu aujourd’hui démentir le calendrier mais ce dernier est implacable : l’été arrive bel et bien dans un grondement de tonnerre et des éclats de foudre.
Sans qu’on sache pourquoi, une ritournelle d’il y a vingt ans revient titiller l’oreile interne. Dans les paroles, aucune once de cette prétention qui s’accorde si mal au temps des vacances. Il y était question de soleil, mot semble-t-il indispensable à la confrérie des paroliers (il faut s’appeler Brassens pour oser écrire que le bel azur vous met en rage) et le refrain tenait en quatre syllabes scandées en rythme avec un ton gouailleur : Voilà l’été !
Les Négresses vertes nous ont accompagnés quelques saisons entre rock alternatif et javas revisitées. Puis leur meneur, le chanteur Helno, succomba aux paradis artificiels, chez sa mère, dans la nuit du 21 au 22 janvier 1993, quelques heures après un ultime enregistrement pour la télévision. Aucun lien à chercher avec le bicentenaire de la mort de Louis XVI. Il s’appelait Noël Rota, était né vingt-neuf ans plus tôt à Montreuil et avait poussé le long des berges du canal de l’Ourcq, y pêchant l’exotique particule « de Lourcqua » dont il aimait s’affubler. Lui parti, rien ne fut plus réellement pareil; il semblait manquer au groupe sa laideur sympathique, sa présence fiévreuse et son art de dire le mal de vivre tout en faisant danser les autres.
On l’a enterré au fin fond du cimetière parisien de Pantin, 140è division, en bordure des voies ferrées et du château d’eau. Pour la Fête de la Musique, une petite fleur cueillie entre deux pavés et ces mots à reprendre au temps du solstice :
Voilà l´été, j´aperçois le soleil
Les nuages filent et le ciel s´éclaircit
Et dans ma tête qui bourdonne ?
Les abeilles !
J´entends rugir les plaisirs de la vie
Voilà l´été, j´aperçois le soleil
Les nuages filent et le ciel s´éclaircit
C´est le bonheur rafraîchi d´un cocktail
Les filles sont belles et les dieux sont ravis.
Voilà l´été !
Enfin l´été !
Toujours l´été !
Encore l´été !