Il ne fut pas seulement l’artiste que nous connaissons (presque) tous, l’auteur se sketches (L’eau ferrugineuse pour Bourvil), de chansons (À Joinville-le-Pont) ni le complice de Jean-Marc Thibault.

 

Roger Pierre (1923-2010), décédé il y a cinq ans tout juste, était aussi une des mémoires du métier de comédien et un prodigieux raconteurs d’histoires. Si beaucoup ont dû se perdre, autour de tables parisiennes à l’heure des digestifs, dans les studios de radio qu’il fréquenta si longtemps ou dans les oreilles d’amis qui n’avaient pas sa mémoire, certaines sont consignées dans ses livres de souvenirs. Ainsi Roger Pierre raconte, raconte, raconte… (La Table ronde, 1977) où il rend hommage à son oncle Jules :
Je ne suis pas le premier de ma famille à raconter des histoires. Avant moi, il y a eu l’oncle Jules. « Andrieux Jules – Classe 1908 – ouvrier électricien de son état. » C’était le beau-frère de ma mère. C’est lui, paraît-il, qui m’a donné le virus.
Suivent d’étonnantes aventures jaillies de la Belle Époque comme celle d’un camarade de Jules qui, célibataire, s’incrustait chaque dimanche dans une noce différente, faisant croire à la famille du marié qu’il était un ami de la famille de la mariée et réciproquement. Du côté de Joinville (déjà…), quelque part entre Maupassant et Courteline…
Et puis aussi la guerre de l’oncle Jules, celle de 14, où par un tranquille après-midi du mois d’août, le premier mort de sa compagnie fut abattu alors qu’il s’était caché derrière une haie pour satisfaire un besoin naturel…
J’ai tant dévoré, enfant, les anecdotes de Roger Pierre que l’oncle Jules m’était devenu familier. Alors quelle émotion, au cimetière communal de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) de découvrir que son illustre neveu eut la fidélité de venir reposer près de lui et de lire « Jules Andrieux (1888-1955) »…

 

 

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