Lit-on encore Dominique ?

Eugène FROMENTIN (1820-1876) repose dans un enclos aussi discret que lui, à deux pas de sa maison, le petit cimetière de Saint-Maurice. désormais intégré à la ville de La Rochelle où il avait vu le jour il y a exactement deux siècles, le 24 octobre 1820.

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Peintre orientaliste reconnu, cherchant la vraisemblance du vrai plutôt que le vrai, il reste l’auteur d’un unique livre, publié en 1862 par la Revue des Deux Mondes puis édité par la librairie Hachette en 1863, roman autobiographique mettant en scène un jeune garçon timide et solitaire tombant amoureux de la cousine de son seul ami qui refuse cette passion et lui préfère un autre. Pudeur, soumission à la fatalité de la vie caractérisent ces pages que jadis beaucoup de jeunes hommes frémissants et de jeunes filles languissantes ont dévorées. Chef-d’oeuvre de sagesse mélancolique, l’ouvrage fut salué par Flaubert et les frères Goncourt.

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Sa Dédicace à George Sand est demeurée célèbre :

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Madame,
Voici ce petit livre que vous avez lu. À mon grand regret, je le publie sans y rien changer, c’est-à-dire avec toutes les inexpériences qui peuvent trahir une œuvre d’essai. De pareils défauts m’ont paru sans remède : désespérant de les corriger, je les constate. Si le livre était meilleur, je serais parfaitement heureux de vous l’offrir. Tel qu’il est, me pardonnerez-vous, Madame, comme au plus humble de vos amis, de le placer sous la protection d’un nom qui déjà m’a servi de sauvegarde, et pour lequel j’ai autant d’admiration que de gratitude et de respect.

Le tombeau de Fromentin, massif, bourgeois, orné d’un médaillon signé Ernest Christophe, domine les vieilles sépultures environnantes.

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Parmi elles, en retrait, celle de Jessy CHESSÉ (1817-1844) qui fut l’inspiratrice du roman où ele apparaît sous le prénom de Madeleine.

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Au sujet de Dominique, Fromentin expliquait :

Ce qu’il y a de plus clair pour moi, c’est que j’ai voulu me plaire, m’émouvoir encore avec des souvenirs, retrouver ma jeunesse à mesure que je m’en éloigne et exprimer sous forme de livre une bonne partie de moi, la meilleure qui ne trouvera jamais place dans mes tableaux.

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