Les mauvaises langues diront que le texte peut se chanter sur toutes les mélodies et que celle, par exemple, d’Etoile des neiges, s’y adapte à la perfection mais la seule et vraie musique de L’Internationale demeure celle composée par l’ouvrier belge Pierre Degeyter (1848-1932).
Il y a quelques mois on vit encore, au Père-Lachaise, une délégation venue de Tchéquie entonner l’hymne des travailleurs devant le bloc de granit qui signale la tombe du poète populaire Eugène Pottier, l’auteur des paroles. Il y a trente ans, de tels hommages étaient relativement fréquents.
Au cimetière de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), en revanche, la sépulture de Degeyter (où le nom gravé est de Geyter), qui ne fut reconnu compositeur du morceau que peu de temps avant sa mort, contesté qu’il était par son propre frère Adolphe (inhumé à Lille), mort par suicide, ne semble plus guère visitée. Quel contraste avec le jour de ses obsèques où ils étaient, dit-on, plus de 50000… La faucille et le marteau, posés là comme emblèmes, s’étiolent. Peut-être faudra-t-il un jour dénicher quelque mécène pour entretenir le tombeau de celui que, jadis, Staline pensionna, à l’occasion des dix ans de la Révolution d’octobre. Si ses quelques notes sont dans tous les esprits, lui, décédé le 26 septembre 1932, appartient désormais au passé. Dont Pottier recommandait de faire table rase.