Je n’ai jamais oublié ma découverte, à l’âge du lycée, de Bubu de Montparnasse, le merveilleux livre de Charles-Louis Philippe sur l’univers des souteneurs, des michetons et des trotteuses du « Sebasto » (ah, la fameuse première page et le mystère de ses « arcs voltaïques » !) dans le Paris populaire 1900, décimé par la syphilis.

Humble parmi les humbles, Charles-Louis Philippe, l’enfant pauvre de Cérilly (Allier) venu se frotter au Paris des lettres, qui annonça Francis Carco et Pierre Mac Orlan et que la typhoïde emporta à trente-cinq ans. Il était né le 4 août 1874, fils de sabotier, et fut ramené mort au pays où son buste, par Bourdelle, domine le cimetière.

À peine ma lecture finie, j’avais voulu me rendre sur place mêlant dans mon hommage deux terres qui bordent la forêt de Tronçais et ont marqué la littérature : Epineuil-le-Fleuriel, dans le Cher, autrement dit la région Centre, le Sainte-Agathe d’Alain-Fournier dans Le Grand Meaulnes dont l’école communale est encore hantée par l’écrivain (enterré à Saint-Rémy-la-Calonne, dans la Meuse), et, évidemment, Cérilly, où commence l’Auvergne, qui abrite l’émouvante petite maison-musée dédiée à Charles-Louis Philippe et son tombeau où se déchiffre l’épitaphe, exemplaire de ce qu’on nomme la littérature populiste : Les grosses âmes peuvent parcourir le monde en y trouvant des joies, mais les âmes délicates ont beaucoup à souffrir.

C’est depuis, pour moi, une étape obligée par le seul plaisir quand j’approche le centre géographique, autrement dit le coeur, de la France.

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