Question classique pour les amateurs de quiz : qui sont les trois poètes français nés à Montevideo ?
Dans l’ordre chronologique, Isidore Ducasse (1846), futur comte de Lautréamont, Jules Laforgue (1860) et Jules Supervielle (1884), tous trois issus de familles françaises, pyrénéennes pour Ducasse et Laforgue, basque pour Supervielle, parties chercher fortune aux Amériques.
Du premier, mort à vingt-quatre ans en 1870 et dont la sépulture parisienne a depuis longtemps été reprise, on chercherait aussi en vain aujourd’hui trace de sa maison natale dont l’emplacement semble inconnu. Mais il était écrit que je n’irais pas en Uruguay pour en rentrer bredouille.
En plein hiver, quand le vent balaie la Rambla et agite le Rio de la Plata, inutile de préciser qu’il n’y a pas foule au cimetière Central de Montevideo, pourtant joliment établi au bord des flots (Vieil océan, ô grand célibataire…).
De futurs articles me donneront ici l’occasion d’évoquer sa majesté désuète et ses statues grandiloquentes.
Je traquais cet après-midi-là en particulier la sépulture de François Ducasse, père d’Isidore, que certaines sources affirment décédé en 1850, d’autres en 1887.
Si l’on en croit Jean d’Ormesson (Une autre histoire de la littérature française, Nil éditions, 1998, p. 183), le chancelier du consulat de France, non pas à La Plata, mais à Montevideo, en Uruguay, sur l’estuaire du Rio de La Plata, s’appelait M. Ducasse. C’était un aventurier reconverti dans la diplomatie. C’était aussi un coureur de femmes et un dandy plein de charme. M. Ducasse avait un fils affublé du prénom, assez lourd à porter, d’Isidore.
Ma première approche ne donna rien mais un ratissage minutieux (en pareil cas, le quadrillage doit être serré) est presque toujours récompensé. Le père de l’auteur de Maldoror, mort (dit son épitaphe) en 1889, à l’âge de 80 ans, finit par m’apparaître, au ras du sol dans un mur d’enfeus où il voisine avec d’autres émigrés français. Sa plaque proclame le Souvenir de ses neveux.
En voici ce matin, jour de la saint Isidore, date anniversaire de la naissance de son fils (4 avril 1846), la photo, peut-être inédite (du moins ne l’avais-je jamais vue) car j’imagine que vous serez peu nombreux à aller sur place :