En guise d’hommage, cette lettre que Michel Polac m’avait adressée en 1993 :

Lettre de Michel Polac

Lettre de Michel Polac

J’aurais aimé disparaître dans les mers,
mais ce privilège est réservé aux marins. Alors
partir en cendres me conviendrait. Parfois aussi
j’aimerais être enterré dans un petit cimetière
ensoleillé sous les cyprès, dans mon bled du Languedoc.
Mais j’aime bien aussi les pelouses protestantes avec
une pierre cachée dans l’herbe, ou les stèles
toutes simples des cimetières musulmans. Je déteste les
monuments du Père-Lachaise ou des cimetières italiens.
J’ai répondu à une enquête de « Lui » fort drôle
je proposais comme simple épitaphe : « ça m’suffit. »
Non je ne fréquente guère les cimetières, je n’ai
pas le culte des morts. Un cimetière abandonné
avec les herbes folles, les croix renversées, des vestiges
effacés, oui ça a son charme parce que le temps y a
fait son oeuvre : nous sommes faits pour disparaître
seuls quelques génies ont le privilège de survivre
par leur oeuvre. Evidemment il y a aussi
quelques pharaons. Alors une pyramide, mais d’un
mètre de haut avec toujours « ça m’suffit. »
Une concession à perpétuité me ferait froid dans le dos
comme une condamnation du Tribunal.

Michel Polac

P. S. Je vous réponds allongé car déjà je ne
suis bien que dans cette position.

 

Il fut, finalement, inhumé dans son « bled du Languedoc » : Cabrerolles (Hérault).

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