Bienfaits conjugués d’une diffusion en direct et d’une époque où les chaînes de télévision étaient si peu nombreuses qu’elles drainaient chacune des millions de téléspectateurs, toute saillie inattendue accédait, dans les années 60, 70 et même 80, au rang de mythe, d’autant plus qu’elle bousculait un langage figé dans ses conventions.
Il y eut le tonitruant Messieurs les censeurs, bonsoir ! du philosophe Maurice Clavel (inhumé à Vézelay, dans l’Yonne), l’indécente proposition de Serge Gainsbourg à Whitney Houston (aujourd’hui couchés bien loin l’un de l’autre, lui à Paris, au cimetière Montparnasse, elle, dans le New Jersey, au cimetière de Westfield) et, le 9 octobre 1976, l’inoubliable Monsieur Foote, vous êtes un salaud ! éructé par un Thierry Roland révolté contre l’injustice (aux lecteurs de ce site nés hier ainsi qu’à ceux qui méprisent les rectangles de luzerne et les activités qui s’y pratiquent, on rappellera qu’en cette fin d’après-midi sofiote, l’équipe de France s’apprêtait à ramener un précieux point de son voyage en Bulgarie lorsque l’arbitre écossais, au patronyme prédestiné, siffla un penalty qui n’avait pas lieu d’être et qui fut finalement raté, ce qui fit conclure dans les chaumières qu’il existait un dieu du football réparant les erreurs humaines).
La jolie tempête médiatique qui s’ensuivit (Thierry Roland prétendait qu’elle lui avait valu la bagatelle de 19 sacs postaux sur le bureau de la rédac !) s’acheva par une réconciliation des deux protagonistes. L’homme en noir, Ian Foote, mourut fin 1995 et repose dans sa région d’Argyll and Bute. Quant à Thierry Roland, vrai Parisien, dont le décès survint en plein Euro de football, il fut conduit dans la tombe de famille, au cimetière de Passy. Depuis peu, son identité est gravée sur le monument, auprès de sa Légion d’honneur.