D’elle, le journaliste Nino Frank disait en 1948 : … une frange lourde de mauvaise fille qui allonge ses yeux aux proportions de ceux d’une chatte amoureuse, une langue agaçante contre des dents magnifiques, une bouche propre à la morsure. Si elle redresse la tête, c’est pour montrer la ligne désirable de son cou. Si elle étend son bras, c’est qu’il est nu et provocant. Si elle enfile des bas, c’est qu’ils sont noirs… (cité par Olivier Barrot et Raymond Chirat, Noir et blanc, 250 acteurs du cinéma français 1930-1960, Flammarion, 2000).
Ginette LECLERC (1912-1992), née Geneviève Menut, fut durant des années LA femme fatale du cinéma français.
Devant les caméras de Jacques Tourneur, Claude Autant-Lara, Christian-Jaque, Marc Allégret, Marcel Pagnol (La Femme du boulanger), Henri-Georges Clouzot (Le Corbeau), elle imposa sa sensualité boudeuse mais connut aussi les geôles de la Libération après avoir dirigé sous l’Occupation avec son compagnon d’alors, le comédien Lucien Gallas, un cabaret (le « Baccara-Club ») où, pour reprendre les mots de Pierre Philippe (mort tout récemment), Sûr qu’elle n’écoutait pas Radio Londres. Le même aurait ajouté C’est pas d’vein’ d’êtr’ jolie dans la guerre…
Des emplois de cette période, où elle était la rivale de Viviane Romance, le titre d’un film de Jacques Daroy sonne comme le résumé :
Les années 50 et 60 la virent travailler pour Max Ophüls, Gilles Grangier (Le Cave se rebiffe), avant que sa carrière ne s’achève avec des rôles aux antipodes de ceux de ses débuts, l’ancienne vedette de Chobizenesse (1975) de Jean Yanne ou, ultime prestation, Mémé Josette dans un épisode des Cinq Dernières Minutes diffusé à la télévision en 1981.
Frappée par la maladie, très affectée en 1990 par la mort de sa mère (qui faillit être centenaire à trois semaines près), l’ex-beauté insolente du petit écran s’éteignit bien oubliée il y a trente ans, le 2 janvier 1992.
Elle repose au cimetière parisien de Pantin, auprès des siens, son nom d’artiste fort discrètement gravé.