Un quart de siècle plus un an. Suffisant pour que nombre d’aînés, d’amis , de partenaires soient eux aussi passés. En partant de sa sépulture du cimetière de Montrouge, petit tour de la galaxie coluchienne en vingt-six noms et presque autant de tombes.
À Paris, des réalisateurs qui l’engagèrent : Jacques Demy (+ 1990) pour Peau d’âne (mais oui ! même si ce n’était qu’un petit rôle) et Gérard Oury (+ 2006) pour La Vengeance du serpent à plumes reposent à Montparnasse, tout comme ses copains Reiser (+ 1983), connu au temps du Café de la Gare et qui avait illustré ses textes (Y’en aura pour tout le monde), Philippe Léotard (+ 2001), à ses côtés dans la série télévisée La Cloche tibétaine ou Yves Mourousi (+ 1998) dont il avait pastiché le mariage en épousant pour le meilleur et pour le rire Thierry Le Luron (+ 1986), enseveli, lui, à Ploumanach (Côtes d’Armor). Et comment ne pas citer l’impayable Hubert Deschamps, dont la tombe familiale est située à Chêne-Arnoult (Yonne), et qui est chargé de lui apprendre le métier dans Inspecteur La Bavure ?
Autres cinéastes à l’avoir dirigé, Jean Yanne (+ 2003) (Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ), inhumé aux Lilas (Seine-Saint-Denis), l’Italien Dino Risi (+ 2008) (le Bon Roi Dagobert, le Fou de guerre) dont les cendres sont en Suisse, à Mürren (canton de Berne), Marc Simenon (+ 1999) (Signé Furax !), lui aussi crématisé, dispersé sur l’île de Porquerolles (Var) et, bien sûr, au cimetière parisien de Bagneux, Claude Berri (+ 2009) (Le Maître d’école, Tchao Pantin), par ailleurs producteur, comme Christian Fechner (+ 2008) (L’Aile ou la cuisse) au Père-Lachaise.
Père-Lachaise incontournable quel que soit le thème abordé où voici, pas très loin l’un de l’autre, deux intellectuels qui soutinrent sa candidature à l’Élysée, comme Gilles Deleuze (+ 1995) enterré à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne) : Félix Guattari (+ 1992) et Pierre Bourdieu (+ 2002) ; tout cela jusqu’au jour où François Mitterrand (+ 1996), ramené selon son désir à Jarnac (Charente), prit peur et on connaît la suite. Ne quittons pas le Père-Lachaise sans un salut à Yves Montand (+ 1991) qui avait accepté d’enregistrer de chez lui une des strophes de la chanson des Restos du cœur.
En même temps que Claude Berri à Bagneux, un détour s’impose vers la tombe de Marcel Dalio (+ 1983) qui lui donnait la réplique dans L’Aile ou la cuisse, tout comme le grand Louis De Funès (+ 1983) dont la tombe est en Loire-Atlantique, au Cellier. Un partenaire qui a trompé son monde de façon posthume, Michel Serrault (+ 2007) (Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ), d’abord inhumé à Honfleur (Calvados) avant d’être transféré au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Les souvenirs s’égrènent aussi du Val-d’Oise (Guy Lux, l’homme du Schmilblick, mort en 2003, au cimetière de Saint-Gratien) à la principauté de Monaco (Marie Bell, décédée en 1985, qui dirigeait le théâtre du Gymnase où l’homme à la salopette triompha pendant des années) en passant par la côte basque (Daniel Balavoine, membre avec lui de l’association Chanteurs sans frontières, en faveur de l’Éthiopie, couché, depuis 1986, à Biarritz, au cimetière moderne de Ranquine), la banlieue parisienne (Carlos, + 2008, qui s’était déguisé en poupon lors des fausses noces avec Le Luron, inhumé à Bourg-la-Reine) et Saint-Tropez (Eddie Barclay, + 2005, qui, au même mariage s’était présenté en travesti, repose au célèbre cimetière marin).
Enfin, la face sombre de Coluche apparaît en Maine-et-Loire, à Saint-Lambert-du-Lattay, où Patrick Dewaere (+ 1982) occupe un lopin discret sous un monument difficile à repérer (on dit qu’il se suicida parce que son ami avait séduit sa femme et qu’il utilisa une arme que Coluche, qui ne se remit pas de cette mort, lui avait offerte) tandis qu’on évoque encore souvent sa générosité dans les allées du petit cimetière d’Esteville (Seine-Maritime) où l’abbé Pierre (+ 2007), qu’il admirait tant, voisine avec ses premeirs compagnons d’Emmaüs sous la phrase qu’il s’était choisie : Il a essayé d’aimer.