Chose plutôt rare : une personnalité décédée depuis plus de neuf mois et dont la mort est passée à ce point inaperçue que ce matin encore, de nombreux sites, Wikipédia en tête, l’annoncent vivante.
Artiste complète, Flora Patrice Praxo était née aux Abymes en 1966 (ses parents agriculteurs ayant eu avant elle six filles et seulement un garçon en espéraient tant un second qu’ils avaient déjà prévu un prénom masculin). Après avoir quitté la Guadeloupe pour la métropole, elle devint comédienne et tourna plusieurs longs-métrages jusqu’à la fin des années 90.
Sa filmographie comporte de brèves apparitions dans Vanille Fraise de Gérard Oury en 1989 et Le Bal des casse-pieds d’Yves Robert en 1992 qui encadrent deux rôles majeurs, celui de Mariam dans Le Raccourci de Giuliano Montaldo (avec Nicolas Cage) et celui de Jeanne Duval dans Les Fleurs du mal (Baudelaire y était incarné par Antoine Duléry) de Jean-Pierre Rawson en 1991.
Elle travailla aussi sous la direction de Bob Swaim (L’Atlantide, 1992, adapté du roman de Pierre Benoit) et Christine Pascal (Adultère, mode d’emploi, 1995). Son ultime apparition au cinéma eut lieu en 1997 lorsqu’elle donna la réplique à Philippe Léotard (mais aussi à Cesaria Evora !) dans Black Dju de Pol Cruchten.
Les amateurs de séries télévisées l’auront aussi remarquée dans Les Cœurs brûlés (avec Mireille Darc) en 1992 ou Alice Nevers, le juge est une femme en 1998.
Devenue ensuite artiste plasticienne, elle s’illustra en exposant peintures (Édouard Glissant préfaça un de ses catalogues de tableaux dédiés à la mémoire de l’esclavage et son travail fut salué par Edgar Morin) et photographies (surtout des portraits d’écrivains).
Compagne d’Yves Simon jusqu’en 2015, elle lui inspira, entre autres, la chanson Patrice (Elle dit des mots fragiles / Qui semblent sortir d’une île, / Du volcan apaisé de sa bouche / Quand elle me touche / Elle invente des phrases enflammées / Des postures ensorcelées / Pourtant, quand elle s’endort contre mes reins, / Tout est bien / Elle rêve alors de galaxies, / De comètes alanguies / Elle porte un prénom / De garçon / Elle s’appelle Patrice / Elle est belle et métisse…).
Décédée le 11 avril 2024, Flora Patrice Praxo fut crématisée et ses cendres déposées dans une de ces nombreuses chapelles réhabilitées puis transformées en columbariums qu’on voit désormais au Père-Lachaise.
Son ultime adresse : 62è division, en bordure du chemin Luzarraga.