Parce que le 07/07 est leur journée, ou plutôt celle de leur saint patron, visitons sept fameux Raoul en leurs dernières adresses.
Raoul de Godewarsvelde (quel nom pour un chanteur ! Il l’avait préféré à son véritable état-civil, Francis Delbarre. Sur les affiches et les pochettes de disque, cela imposait de petits caractères mais, en revanche, sa trogne s’apercevait de loin. En 1977, ce géant congédia une existence qui n’était pas à sa démesure.) n’a pas quitté le cap Gris-Nez. À Audinghen (Pas-de-Calais), visitons-le quand la mer monte (sans honte) et levons à son souvenir nos verres de Ouatabada !
Dans un autre coin de l’hexagone, voici Raoul Dufy, sur les hauteurs de Nice, au majestueux cimetière de Cimiez. Cadre exceptionnel, Roger Martin du Gard pour voisin et, tout près mais dans l’enceinte de son ancienne propriété, Henri Matisse ! Trois contemporains morts à peu d’intervalle (1953, 1958, 1954) et qu’on ne saurait ignorer.
Il compissait les tours de Saint-Sulpice, plaignait son verre vide et vidait son verre plein, le poète Raoul Ponchon s’est installé pour l’éternité à Pléneuf-Val-André (Côtes-d’Armor), dans la même tombe que son ami Jean Richepin. Inutile d’inventorier toutes les sépultures, la leur est à l’entrée comme s’ils étaient les piliers du lieu.
Au petit cimetière parisien d’Auteuil qui se donnerait des airs campagnards si n’étaient les immeubles alentour, on retrouve l’apôtre de la lutte contre la lèpre, Raoul Follereau, par ailleurs défenseur ardent de la civilisation chrétienne et soutien du maréchal Pétain, à l’époque de Vichy.
Vichy, justement, dont le cimetière des Bartins recèle la tombe d’un homme au coeur de bien des controverses, le général Raoul Salan, un des quatre généraux du putsch de 1961 et chef de l’OAS.
Une mention spéciale pour le doyen de cette évocation, Raoul de Lannoy, mort en 1513. Ce seigneur picard devint gouverneur de Gênes et introduisit l’art italien et la modernité dans sa région. Son tombeau, chef-d’oeuvre Renaissance exécuté par des artistes milanais, le représente sous la forme d’un gisant de marbre blanc au côté de sa femme. Pour l’admirer, se rendre en l’église du village de Folleville (Somme).
Enfin, comment ne pas penser à Bernard Blier, inoubliable Raoul Volfoni dans les Tontons flingueurs ? Ne cherchons pas sa tombe car il avait choisi de s’en dispenser en donnant son corps à la science. L’année prochaine marquera le cinquantenaire du film de Georges Lautner qui a été inscrit sur la liste des commémorations nationales. On entendra pour la énième fois la tirade fignolée par Audiard où il promet à Fernand Naudin – Lino Ventura le destin qui est celui de tous nos souvenirs, se retrouver éparpillé, par petits bouts, façon puzzle…