Le 19 juillet 1962, il y a cinquante ans, naissait l’émission télévisée « Intervilles » dans une France qui sortait de la guerre d’Algérie et entrait, mais elle l’ignorait, dans une période insouciante et prospère, celle de Kiki Caron et de François Deguelt. Le pays s’autorisait de grandes vacances, saluait la nouvelle victoire de Jacques Anquetil dans le Tour de France et faisait rimer « Nationale 7 » avec « Salut les vachettes ». Un demi-siècle plus tard, l’enthousiasme s’en est allé et l’air bon enfant n’est plus de mise, même à la mi-juillet. Guy Lux et Léon Zitrone ont rendu l’antenne et, attendent un oubli définitif (cinquante autres années suffiront, peut-être moins) sous des tombeaux banals, le premier à Saint-Gratien (Val d’Oise), le second à Levallois-Perret.
La grande kermesse d' »Intervilles » glorifiait les élus locaux, ceints ou non de leurs écharpes qu’on devinait tricolores sur les écrans en noir et blanc. En ai-je ainsi trouvé dans les cimetières provinciaux de ces sépulcres d’édiles fleurant une république disparue où dominaient notabilités, convenances et hussards noirs !
Un exemple, parmi tant d’autres, la tombe, au cimetière du Faubourg-Pavé de Verdun, de Victor Schleiter, né le 18 juillet 1872 (140 ans, hier !) notaire de son état, devenu premier magistrat de la ville (1925-1933) et député (1924-1933). Carrière brutalement brisée par la catastrophe ferroviaire de Lagny (décembre 1933) dont il fut une des deux cents victimes.
Sur son monument aux allures de sarcophage (repose avec lui, parmi d’autres membres de la famille, son fils, François, qui fut aussi maire de Verdun et secrétaire d’Etat sous la IVè république), on lit cet éloge :
On ne meurt pas complètement quand on laisse derrière soi une oeuvre féconde et durable, quand on a bien et vaillamment travaillé pour son pays.
Il était de cette admirable génération des maires d’après-guerre, de ces maires de nos villes et villages meusiens en ruines qui, sans vouloir mesurer exactement toute l’étendue de leurs responsabilités, se jetaient à corps perdu dans la lutte pour la renaissance du pays dévasté, se faisaient à la fois les guides, les conseils, les chefs, la providence en un mot, des pauvres sinistrés désemparés.
Pour en savoir plus sur Victor Schleiter et découvrir le monument que sa ville lui a dédié (hors du cimetière) :
http://www.verdun-meuse.fr/index.php?qs=fr/lieux-et-visites/monument-du-mois—septembre-2010—monument-