Le 16 octobre 1937 mourait, de la tuberculose, l’illustrateur Jean de Brunhoff, à l’âge de trente-sept ans. On l’inhuma au Père-Lachaise.

Son épouse, Cécile (qui avait ce jour-là précisément trente-quatre ans ; destinée des gens nés un 16 octobre ? Pascal Sevran, natif de cette journée perdit Stéphane Chomont, le grand amour de sa vie, le 16 octobre 1998) avait inventé quelques années plus tôt une histoire afin d’aider leurs enfants à s’endormir : celle d’un éléphanteau orphelin qui trouve refuge à la ville…

Dessiné par son mari, Babar eut le succès qu’on sait. À la mort de Jean de Brunhoff, sa veuve refusa qu’un autre dessinateur prît le relais avant d’autoriser leur fils, Laurent, à marcher dans les traces de son père.

Laurent de Brunhoff, qui a aujourd’hui 89 ans mais aussi une étonnante jeunesse (belle hérédité du côté maternel puisque sa mère, dont j’ai retrouvé la tombe à La Digne-d’Aval, dans l’Aude, mourut presque centenaire) qu’il attribue pour partie à sa pratique assidue du yoga, a déclaré que Babar s’arrêterait probablement avec lui. Il vit depuis longtemps aux Etats-Unis et je n’étais pas surpris d’être, ce matin, seul sur la tombe de son père.

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La sépulture de Jean de Brunhoff, coiffée d’un élégant sarcophage à griffes de lion avait été oubliée de toutes les listes publiées (bien que son identité soit parfaitement lisible) avant que je ne la mentionne dans mon Guide des cimetières en France , en 1994. Elle est située dans la 65è division, secteur où les défunts en phase d’oubli semblent m’appeler : j’y avais aussi localisé Georges Fourest (ne pas mourir sans avoir côtoyé sa Négresse blonde ni s’être enivré de son Géranium ovipare) et, il y a peu, la comédienne Mélodie Berenfeld, que personne ne mentionnait nulle part.

Ces détails n’étant pas soulignés par certains de mes successeurs récemment germés tout au fond du grouillant cloaque d’internet où tout se pille et se copie, je les rétablis.

 

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