Qu’on se le dise : il y aura dans un an tout juste un demi-siècle qu’Edith Piaf est morte.
Pour parler vrai, il est impossible d’ignorer l’information tant la célébration a déjà commencé. Des chanteuses (et pas seulement les deux fameuses qui se tiennent en cet automne sur le haut du pavé mémoriel comme sur une ligne de départ) que l’on connut mieux inspirées semblent se disputer un fantôme inaccessible avec l’espoir de se placer dans sa lumière. De grandes scènes sont depuis longtemps réservées, et des émissions programmées à des heures de haute écoute nous promettent pour bientôt des soirées lacrymales.
2013 sera l’année Piaf en attendant 2015, centenaire de sa naissance, qui permettra aux mêmes de remettre le couvert en de bruyantes semailles annonciatrices de moissons trébuchantes. Je note, en passant, que tandis que les chanteuses bien vivantes se mesurent au répertoire de Piaf, c’est le voisin de tombe de cette dernière, Henri Salvador, mort en 2008, dont on nous propose un disque de chansons inédites…
Pour accompagner la photo du monument sous lequel elle repose auprès de sa fille, de son père et de Theo Sarapo, je m’adresse à Serge Lama qui, en 1970, disait sa colère (Edith, musique de Maxime Le Forestier) :
Edith, faut se faire une raison
Les gens sont pourris jusqu’au fond
Jusqu’à la moelle,
Aux lueurs de tes feux follets
Ils viennent encore te voler
Quelques étoiles
Ils viennent souper sur ta grève
Habillés comme des corbeaux
Ils vivent encore sur ton dos,
Au Père-Lachaise.
Depuis ta mort, dans les journaux,
Régulièrement ta photo
Te ressuscite
Si tu es morte sans un sou
Depuis tu en as fait beaucoup
Beaucoup plus vite.
Et conclus avec Allain Leprest, l’indispensable (Edith, musique de Romain Didier) :
C’est ici son premier repos
Ici que Theo Sarapo
Dort dans la cage de ses ailes
Si la tombe paraît petite
C’est qu’il fallait trop de granit
Pour qu’elle soit à son échelle