Il s’appelait Alfred Locussol, était né en 1904 près d’Orleansville, travaillait dans la fonction publique et militait au sein du Parti Communiste Algérien qui fut dissous en 1955. Partisan de l’indépendance de l’Algérie, c’est lui qui imprimait le journal clandestin Liberté enchaînée, à Alger.
Nommé Directeur de l’Enregistrement à Alençon, il fut abattu à son domicile par l’OAS, le 3 janvier 1962. Il s’agissait en l’occurrence du premier assassinat sur le territoire métropolitain commandité par l’organisation secrète depuis l’Algérie.
Le tueur, fils de bonne famille, fut rattrapé le jour même au Mans, condamné à vingt ans de détention puis libéré dès 1968. Au cimetière d’Alençon, la tombe d’Alfred Locussol fut profanée le 8 janvier 1962, lendemain des obsèques. Son corps a été transféré dans un autre cimetière dont le nom ne fut pas révélé et que j’ignore.
Je rappelle ces faits car une plaque à la mémoire de la victime avait tout juste été dévoilée la semaine dernière, à Alençon. Vendredi soir puis samedi soir, des inconnus sont venus la détruire, rappelant combien ce qu’on nomme les « Evénements d’Algérie » n’appartiennent pas à l’histoire ancienne. La mairie d’Alençon a promis qu’une autre cérémonie aurait bientôt lieu au cours de laquelle une nouvelle plaque serait inaugurée.