Il était un de nos plus brillants esprits.
Né en 1963, ancien élève de l’École normale supérieure (major de sa promotion), agrégé de lettres, écrivain et journaliste (rédacteur en chef à L’Express), François Dufay trouva une mort atroce, il y a dix ans aujourd’hui, percuté par un chauffard, sous les yeux de sa femme et de leurs trois enfants, dans la station de Molines-en-Queyras (Hautes-Alpes) où il venait d’arriver en vacances.
Il nous avait offert, outre ses articles chaque fois réjouissants et coruscants d’intelligence, un ouvrage sur les normaliens (de Charles Péguy à Bernard-Henri Lévy, Lattès, 1993), un autre (Le Voyage d’automne, Plon, 2000) sur les écrivains français (Drieu La Rochelle, Ramon Fernandez…) partis dans l’Allemagne nazie de 1941 et un chef-d’œuvre, Le soufre et le moisi (Perrin, 2006), sous-titré La droite littéraire après 1945. Chardonne, Morand et les Hussards.
Fin 2009, parut à titre posthume une anthologie des Maximes et autres pensées remarquables des moralistes français (CNRS éditions) témoignant de son goût pour les grands stylistes.
Autant passionné par l’archéologie religieuse et la musique de Bach que par la lecture de L’Équipe, il laissa tous ceux qui le connurent orphelin de son esprit subtil qui lui faisait dire, apprenant que des normaliens s’insurgeaient contre la sélection : Bientôt, les arbres manifesteront contre les bourgeons au printemps…
Il repose sur la Butte Montmartre, dans la bonbonnière du cimetière Saint-Vincent, protégé par les ciels de Boudin et Utrillo, non loin de Gen Paul et Marcel Aymé.
Si vous ne le connaissiez pas avant de lire ces lignes, ne demeurez pas plus longtemps dans l’ignorance de son oeuvre qui nous instruit et nous élève.