C’était mardi dernier, 20 juillet, le centenaire de la naissance de Francis Blanche (1921-1974). Je ne publie cet article qu’aujourd’hui car il m’a fallu ce temps pour dénicher dans mes archives quelque information originale le concernant.
De lui, on connaît les multiples facettes, humoriste (fulgurant), auteur (fécond), parolier (impeccable), chanteur (inspiré), comédien (déroutant, de Tartarin de Tarascon à Maître Folace dans Les Tontons flingueurs), homme de radio (captivant), improvisateur (génial), mystificateur (hors pair) et même poète (ne confiait-il pas : « Plus jeune, on disait de moi : ce garçon est poète à ses heures… Et puis, vers 16h20, 16h30, ça passait… »). Peut-être ignore-t-on qu’il s’essaya aussi à la fable…
Celle-ci parut dans la presse des années 50, présentée comme inédite. J’ignore si elle a été reprise depuis dans quelque recueil ou anthologie. Sa lecture prouve que ce diable d’homme n’était pas né pour rien exactement quatre siècles après Jean de La Fontaine :
Les Deux Moutons
Deux moutons paissaient dans un chemin creux,
Lorsqu’un promeneur s’avança vers eux…
Il allait à pas lents, l’air un peu solennel,
Car il lisait des vers de M. Paul Claudel.
A la vue de ce passant,
Qui leur semblait angoissant,
Les moutons s’enfuirent,
Redoutant le pire…
… Et le promeneur continua de lire.
Ils coururent longtemps,
Ne sachant
De quel côté se diriger,
Lorsque parut, pour les venger, leur berger.
Guillot, calmant leur émotion,
Les prit sous sa protection
… Et tous trois rentrèrent à la maison.
Mais trois mois plus tard à peine,
Vous auriez pu voir la fille de Guillot,
Une enfant de seize ans ans, qui filait de la laine
En mangeant un gigot…
Sommes-nous pas un peu semblables aux moutons :
Nous fuyons celui qui simplement nous dérange,
Pour courir dans les bras de celui qui nous tond…
…et nous mange.
Pour voir la tombe, que dire de son état ?, de Francis Blanche et lire sa célèbre épitaphe (Laissez-moi dormir / J’étais fait pour ça), on se rendra au cimetière d’Eze (Alpes-Maritimes).