Il y a deux siècles, le 12 février 1823, naissait, à Dijon, Louis Deibler.

Issu d’une lignée d’exécuteurs originaire du Wurtemberg, il gravit un à un tous les échelons de la profession, assistant d’abord son père (qui avait francisé son nom de Deubler en Deibler) puis travaillant sous les ordres du bourreau d’Alger dont il épousa la fille (devenir le gendre de son patron était une tradition du métier), d’être nommé à Rennes puis à Paris et enfin d’accéder, malgré les critiques (on lui reprochait à la fois sa lenteur et sa violence) en 1879 à la fonction suprême de guillotineur en chef.

Il fit ainsi tomber les têtes de Prévost, alias le « Boucher de la Chapelle », Pranzini, auteur du « Triple assassinat de la rue Montaigne », Eyraud, coupable dans l’affaire de la « Malle à Gouffé », mais aussi celles des anarchistes Ravachol, Auguste Vaillant, Émile Henry ou encore de l’italien Caserio, poignardeur du président Sadi Carnot.

Après avoir raccourci 360 de ses contemporains, dont même un prêtre (l’abbé Bruneau, qui avait occis son curé puis jeté son corps dans un puits), ce qui avait ébranlé sa conscience de fervent catholique, il fut, un comble dans sa profession, victime de crises d’hématophobie qui le poussèrent à abandonner ses fonctions.
S’il donna sa démission fin 1898, ce fut pour transmettre sa charge à son fils (en lui disant « Que voilà de jolies étrennes ! »), Anatole, qui l’assistait déjà depuis des années et devait, lui, trancher 395 condamnés jusqu’à sa mort subite en février 1939, d’une embolie, sur le quai de la station de métro « Porte de Saint-Cloud », métro-bourreau-dodo, alors qu’il partait à Rennes décapiter Maurice Pilorge, le « Condamné à mort » de Jean Genet.

Décédé en 1904 d’un cancer de la gorge, Louis Deibler repose avec les siens au cimetière ancien de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Tombe devant laquelle je ne passe jamais sans ressentir un léger frisson sur la nuque.

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