Petit rebond sur l’actualité politique.
Cette nuit, à l’Assemblée nationale, au cours du vote visant à transformer le « pass sanitaire » en « pass vaccinal », le président de séance, le député de la majorité présidentielle Sylvain Waserman, ignorant que son micro était branché, s’est inquiété en ces termes auprès d’un fonctionnaire placé derrière le « perchoir » : « Alors, t’as du champagne au frais ? »
Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux dits sociaux. Ce matin, le mot « Champagne » y revient comme une antienne.
Occasion pour moi de publier ce portrait signé Léon Cogniet (1794-1880), peintre inhumé au Père-Lachaise (15è division).
Il nous restitue les traits de Barbe Nicole PONSARDIN (1777-1866) qui, née sous le règne de Louis XVI, mourut sous celui de Napoléon III au terme d’une existence bien employée puisqu’elle fut femme d’affaires, pionnière dans son domaine, et jouit encore de nos jours d’une sacrée célébrité posthume sous son nom d’épouse : la Veuve CLICQUOT !
Mariée à vingt ans (dans une cave, par un prêtre réfractaire, qui offrit au jeune couple un ouvrage signé Dom Pérignon) à François Clicquot, négociant en champagne, veuve sept ans plus tard, elle succéda à son mari en dépit d’abord des oppositions de sa belle-famille, fut la première femme à diriger une maison de Champagne, étendit ses domaines, sut diffuser ses vins à l’étranger (jusqu’à la cour du tsar Alexandre 1er), fit reconstruire pour son gendre et sa fille unique le château de Boursault (près d’Épernay), et mourut (à Boursault) presque nonagénaire en ayant connu longtemps son arrière-petite-fille (cette dernière avait 19 ans à la mort de son aïeule), Anne de Rochechouart de Mortemart (1847-1933) qui devenait devenir célèbre, sous son titre d’épouse de duchesse d’Uzès, à la fois comme sculptrice et comme pilote automobile !
Les voici toutes deux, à nouveau sous le pinceau de Léon Cogniet (le château de Boursault apparaît à l’arrière-plan).
Aujourd’hui propriété du groupe de luxe LVMH, la maison Veuve Clicquot Ponsardin produit 22 millions de bouteilles chaque année (contre 750000 sous le Second Empire). Depuis 1972, un prix « Veuve Clicquot » récompense des femmes d’affaires françaises et étrangères. Au palmarès figurent les noms des éditrices Françoise Nyssen et Odile Jacob, de l’ancienne championne de ski Annie Famose ou de la chef cuisinière Hélène Darroze.
Postérité singulière, cette chanson Cliquot (ainsi orthographié) du groupe folk américain Beirut.
C’est à Reims (Marne), sa ville natale, que repose cette femme étonnante. Précisément au splendide cimetière du Nord (un long article suivra, dès que j’en trouverai le temps) où se rencontrent beaucoup d’autres noms de négociants champenois.
Une autre fois, je vous parlerai de Marthe Richard, veuve de guerre qui après avoir fait fermer les maisons closes (Plus qu’un crime, c’est un pléonasme, disait Arletty) en 1946 s’était vue surnommer la « Veuve qui clôt ».