Le 19 janvier 1969 mourait à Prague Jan Palach.
Trois jours plus tôt, cet étudiant (en histoire) tchécoslovaque de vingt ans s’était immolé par le feu en plein coeur de la capitale, place Venceslas, pour protester contre l’invasion de son pays, au mois d’août 1968, par les troupes du Pacte de Varsovie après le printemps de Prague et les réformes initiées par Alexander Dubček.
Palach avait dans la poche de son manteau une lettre disant : Étant donné que nos nations sont arrivées au bord du désespoir, nous avons décidé d’exprimer notre protestation et de réveiller le peuple de ce pays : notre groupe est composé de volontaires décidés à s’immoler par le feu pour notre cause. J’ai eu l’honneur d’être le flambeau numéro 1.
Effectivement, son geste fut imité la même année, le 25 février (au même endroit) par Jan Zajíc, étudiant de dix-huit ans, puis le 9 avril, à Jihlava, par Evžen Plocek, un ouvrier de trente-neuf ans.
Aujourd’hui, place Venceslas, un mémorial rappelle les noms de Palach et Zajíc :
En 2000 fut inaugurée cette croix douloureuse devant le Musée national :
Lors du vingtième anniversaire de sa mort, en 1989, Václav Havel, alors dissident, fut arrêté et condamné à neuf mois de prison par le régime communiste pour avoir voulu honorer son souvenir.
Conduit par une foule immense, il fut inhumé dans la nécropole d’Olšany, célèbre champ de repos pragois, où je me suis rendu deux fois, à vingt-cinq ans d’intervalle, constatant que sa sépulture demeurait la plus visitée du cimetière.
Sur la lourde dalle de bronze d’où émerge sa silhouette en gisant, fleurs et bougies viennent souligner ces deux dates horriblement proches l’une de l’autre :
11.8.1948 – 19.1.1969