Il fut reçu à l’Académie française, en 1893, par ces mots :

Quel est, en effet, l’homme ayant appartenu à votre génération qui n’a rêvé, sur les bancs du collège, d’écrire une tragédie en cinq actes et en vers et de la faire jouer au Théâtre-Français ? Or c’est là précisément ce qui vous est advenu. Jouer n’est pas assez dire, car votre tragédie a été acclamée. Elle a eu cent quinze représentations consécutives et lors d’une reprise toute récente elle retrouvait son succès du premier jour. Elle a été traduite dans presque toutes les langues, en allemand, en polonais, en danois, en hollandais. Elle n’a pas fait seulement le tour de l’Europe, elle a pénétré dans le Nouveau Monde et elle est devenue une œuvre tellement internationale que le jour de l’ouverture de l’Exposition universelle, M. le Président de la République lui-même y a trouvé matière à une citation. Enfin le conseil municipal de votre ville natale a baptisé naguère de votre nom la rue où vous êtes venu au monde. Savez-vous bien, Monsieur, que tout cela ressemble fort à la gloire ?

L’auteur en question s’appelait Henri de Bornier, né le 25 décembre 1825, et son chef-d’oeuvre avait pour titre La Fille de Roland. Ils sont désormais oubliés mais on peut encore voir la chapelle funéraire de Bornier (qui mourut en 1901) au cimetière Saint-Gérard de Lunel (Hérault), sa ville natale.

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Perdu également dans les limbes, le souvenir de celui qui louangeait ainsi son récipiendaire : Paul-Gabriel d’Haussonville (1843-1924), inhumé en Seine-et-Marne, à Gurcy-le-Chatel.

L’oubli est bien la seconde mort dont parlait Théophile Gautier.

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