De lui, tout a été dit.
L’enfant de l’est parisien, né dans le XXè arrondissement puis élevé au Bourget, au début dans la vie aussi romanesque que romancé, devenu chanteur, homme d’affaires, patron d’une équipe cycliste et de l’OM, animateur de télévision, PDG d’Adidas, propriétaire à Paris du somptueux hôtel de Cavoye, ministre, incarcéré six mois en 1997 pour corruption et subornation de témoin dans le cadre de l’affaire VA-OM, comédien au théâtre et au cinéma (impossible à ce sujet pour moi d’oublier le jour de février 1996 où Claude Lelouch vint tourner au Père-Lachaise la scène d’enterrement de son film Hommes, femmes : mode d’emploi, avant que Fabrice Luchini, rencontré deux ans plus tôt lors d’une émission de radio, ne me demande d’improviser une promenade pour les comédiens et les membres de l’équipe technique ! Avoir eu pour auditeurs, devant la tombe de Balzac, Luchini, Bernard Tapie et Ophélie Winter, demeurera un de mes plus singuliers souvenirs.), ainsi qu’à la télévision (Commissaire Valence), de nouveau puissant et richissime après la décision, en juillet 2008, du tribunal arbitral de lui verser 403 millions d’euros (dont 45 au titre de préjudice moral) dans l’affaire du Crédit lyonnais, patron du journal La Provence, enfin atteint d’un double cancer de l’estomac et de l’oesophage qu’il choisit de médiatiser et qui l’emporta après quatre années de lutte, eut une existence trop riche en audaces, combats, combines, séductions, impudeurs, courages, coups d’éclat, coups de gueule, succès, échecs, flamboyances et controverses pour en rappeler ici tous les détails.
Bernard Tapie (1943-2021), mort il y a pile un an, le 3 octobre 2021, avait fait le choix de reposer à Marseille (il y avait fait transférer les corps de ses parents, inhumés d’abord en région parisienne), au cimetière civil de Mazargues.
Ses obsèques, de l’exposition de son cercueil au stade Vélodrome jusqu’à la procession populaire vers la cathédrale Sainte-Marie-Majeure, témoignèrent de la ferveur du peuple phocéen pour celui qui avait mené l’OM en 1993 sur le toit de l’Europe.
Je me suis rendu l’hiver dernier sur sa tombe qui ne se trouve pas dans la partie principale du cimetière (de loin plus belle, avec sa pinède, plus historique et plus prestigieuse) mais de l’autre côté de la rue, dans l’extension, quadrilatère exigu qui manque singulièrement de charme.
Au fond de l’enclos, derrière des barrières, dissimulée sous une toile bleue, sa sépulture met en avant sa figure d’ancien président (la ville l’avait surnommé le « Boss ») d’un club dont la devise aurait pu être la sienne : Droit au but.