49è anniversaire du décès du comédien Jean Tissier (1896-1973).

Le Dictionnaire international des acteurs du cinéma (La Mascara, 2002) de Christian Dureau le crédite de plus de cent vingt films là où Olivier Barrot et Raymond Chirat (Noir et blanc, 250 acteurs du cinéma français 1930-1960, Flammarion, 2000) lui en accordent au moins le double !

De quoi démentir le surnom de « Nonchalant qui passe » donné à ce grand second rôle révélé sur le tard (il apparut furtivement dans le Napoléon d’Abel Gance en 1927 mais ne rencontra le succès que quelques années plus tard), devenu vite incontournable au point d’enchaîner une dizaine de longs-métrages les années fastes. Tour à tour haut fonctionnaire (Messieurs les ronds-de-cuir, 1937), couturier (Femmes collantes, 1938), surveillant général (Le Petit Chose, 1938), professeur d’arithmétique (Premier rendez-vous, 1941), ouvrier (La Romance de Paris, 1941), fakir (L’Assassin habite au 21, 1942), valet (Le Capitan, 1945) ou guide du château de Versailles (Si Versailles m’était conté, 1953), offrant son talent à Marcel L’Herbier, Yves Mirande, Henri Decoin, Christian-Jaque, André Cayatte, Gilles Grangier, Marc Allégret, Sacha Guitry, Claude Chabrol ou Jean-Pierre Mocky, promenant de film en film le même air ondoyant, sympathiquement ébouriffé ou sournoisement ambigu, lâchant ses répliques d’une voix traînante entre toutes reconnaissable, il fut omniprésent au cinéma jusqu’au milieu des années 60 avant deux ultimes apparitions dans La Veuve Couderc (1971) et Sex-shop (1972).

Comment oublier son duo d’amour exotique avec Arletty dans L’Amant de Bornéo ?

 

Le voici même en inspecteur dissimulé sous la cornette d’une religieuse à la fin de cet extrait d’Un drôle de paroissien avec Bourvil et Francis Blanche :

 

Peu suspect de complaisance envers lui-même, il s’était ainsi défini dans son livre de souvenirs, Sans maquillage (Flammarion, 1945) : J’étais devenu inséparable d’une certaine conception languissante… hésitante… flasque… d’un être aux réactions sans détente… j’étais un « mou ».

Malade, paralysé, déprimé, ruiné, pris en charge par l’association « La Roue tourne », il mourut, la veille de son anniversaire, dans l’ambulance qui le conduisait au service de réanimation de l’hôpital de Granville. Comme un ultime effet de Manche.

Son ami Tino Rossi paya ses obsèques.

Aujourd’hui, nous ne sommes plus très nombreux à nous rendre encore tout au fond du cimetière parisien de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) où il partage la sépulture (concession de « La Roue tourne ») d’une autre vedette morte oubliée et miséreuse : Mireille Balin.