On connaît le goût des auteurs de bandes dessinées pour les apocopes.
Le belge Luc Dupanloup (1945-2000) ne fit pas exception en signant ses oeuvres des quatre premières lettres de son nom, Dupa.
Assistant de Greg (le créateur d’Achille Talon, dont les cendres ont été déposées au sous-sol du columbarium du Père-Lachaise), il inventa en 1968 (pour l’hebdomadaire Tintin) le personnage de sa vie : un gros chien blanc placide et débonnaire, baptisé Cubitus (forcément, un nom d’os). Au fil des ans et de ses aventures, le quadrupède devint anthropomorphe tandis qu’apparaissaient son maître, Sémaphore, son voisin et ennemi, le chat Sénéchal, ou encore son neveu, le chien Bidule.
39 albums (dont deux posthumes) devaient suivre, éclipsant les autres créations de Dupa (Petit Biniou, Niky). En 1988, Cubitus accéda, grâce à un studio japonais, au statut de personnage de dessin animé. On le connaît aussi sous forme de peluches, gadgets ou figurines de collection. Ses « Nouvelles Aventures » sont désormais dessinées par Michel Rodrigue.
Mort le 8 novembre 2000 à seulement cinquante-cinq ans, victime d’une hémorragie cérébrale, Dupa fut crématisé. Au cimetière de Limal (non loin de celui de Wavre où repose Soeur Sourire), sa plaque cinéraire est des plus discrètes, hormis la graphie de son pseudonyme.
Quant à Cubitus, éternellement bonasse, il trône au centre de la commune avec le sourire satisfait d’en être devenu le héros.