Je ne me rends pas toutes les semaines à Millau (Aveyron) et, lorsque j’y passe, n’ai pas toujours le loisir d’une halte au hameau du Monna, jadis commune indépendante que la ville a fini par engloutir. Or, c’est en son église que repose Louis de Bonald (1754-1840), un des plus farouches adversaires de la Révolution française, membre des Ultras qui soutinrent autant qu’il était possible la Restauration, ne cachant pas leur rêve d’un retour à l’Ancien Régime.
Hélas, à chacun de mes passages, l’église est fermée et le tombeau de l’idéologue me demeure inconnu. Il faudrait y aller à l’heure d’un office mais je devine qu’on ne doit plus en célébrer souvent. Rien de pénible que d’être séparé du but de son détour par la porte close d’un édifice dont la vocation reste d’être accueillant à tous (mésaventure semblable à Montpezat-de-Quercy, en Tarn-et-Garonne ainsi qu’un jour, à Bar-le-Duc, devant la Collégiale Saint-Pierre fameuse pour receler le « Transi » de Ligier Richier dédié à René de Chalon).
Et, dans le même temps comment ne pas comprendre le souci de protection d’un patrimoine religieux convoité par des individus sans scrupules ? Le jour où on y aura volé tout ce qu’il y avait à y prendre, on rouvrira les églises. En attendant, Bonald, qui était né le 2 octobre 1754, ne quitte pas dans la mort la solitude hautaine qu’il a toujours goûtée.

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