Parce que je ne passe pas une journée sans Honoré de Balzac (1799-1850), je vous livre, à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance cette remarque fort judicieuse signée d’un de ses nouveaux compagnons d’humus au Père-Lachaise, le cinéaste Claude Chabrol (1930-2010) (Et pourtant je tourne, Robert Laffont, 1976, p. 347) :

Un cliché court dans les manuels de littérature à propos de Balzac. Sans doute parce qu’il a beaucoup écrit, parce qu’il avait une énorme vitalité, parce que, physiquement, il dégageait une impression de puissance, on parle d’une oeuvre qui s’écoule comme un grand fleuve, on évoque sa force, sa puissance.
Bien au contraire, Balzac, c’est un ruisseau, ou plutôt beaucoup de ruisseaux aux eaux très claires, comme ceux de la Touraine, la région qu’il a le plus décrite à cause de mystérieuses affinités (le paysage tient une place primordiale chez lui. N’affirmait-il pas que les descriptions étaient le plus important ?). Il n’y a aucune fresque dans Balzac, et quand il doit élargir le propos, comme dans
Splendeurs et Misères, celui de ses romans qui a le plus d’ampleur, il recourt à des trucs de feuilletoniste : il met bout à bout des épisodes, des romans entiers. Ce procédé n’a rien à voir avec les déferlements des vrais écrivains-fleuves, comme Hugo ou Tolstoï.

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