Journaux et sites internet (http://www.sudouest.fr/2014/03/16/verbalisee-pour-avoir-trinque-sur-la-tombe-de-son-mari-1493028-7.php) ont rapporté récemment l’histoire de cette famille des Angles (Gard) verbalisée par la commune pour avoir voulu boire le champagne et célébrer le souvenir d’un défunt mort en 2011 qui avait demandé l’organisation de ce rituel chaque année sur sa tombe, le jour de son anniversaire. Des riverains choqués ont alerté la police municipale et la suite nous est connue.
Sans prendre parti dans ce conflit qui ne serait pas lié qu’au désir d’une libation (on raconte que des enfants ont couru dans les allées, qui sait en criant, et peut-être même escaladé des monuments), rappelons que cette façon d’honorer les morts, certes surprenante pour qui connaît les us funéraires et les traditions de la société bourgeoise, devient de plus en plus fréquente. C’est ainsi, les eaux minérales, bénites ou lustrales (Georges Brassens, L’Ancêtre) cèdent désormais le pas au bon jus de la treille (à nouveau Brassens, Le Vin). Exemples parisiens actuels du côté de la Butte :

En décembre dernier, force coudes se sont levés sous le ciel bas de Montmartre pour dire au revoir et merci à Jean-Louis Foulquier, le fou de chansons qui créa les « Francofolies ».
Quant à Siné, futur résident de ce même cimetière Montmartre, il a d’ores et déjà, dans son Journal pré-posthume (le cherche-midi éditeur, 2013), énoncé ses ultimes volontés (une crémation au Père-Lachaise avec fleurs rouges et habits noirs, pas par respect des convenances, mais pour évoquer les anars !) et annoncé la couleur ainsi que le cépage :

Quelques jours plus tard, selon les possibilités des uns et des autres (je laisse le soin à Catherine, ma divine veuve, d’organiser tout ça au mieux), j’aimerais une fiesta sympa avec orchestre et buffet campagnard sur tréteaux. Je recommande un tonnelet de beaujolais, de chez Marie Lapierre bien sûr, plus convivial que des bouteilles et qui a l’avantage de ne pas laisser de cadavres, superflus dans un cimetière !
Evidemment, il sera servi dans des verres et non dans de sinistres gobelets en carton.
Si certains tiennent à apporter des couronnes de fleurs, de toutes les couleurs cette fois, qu’ils fassent inscrire sur les bandeaux des slogans tels que « Ni Dieu, ni maître », « Mort aux cons ! » ou « On les aura ! », selon leur inspiration et la complicité du fleuriste, pour choquer les familles catholiques éplorées qui viendront les jours suivants pleurer les leurs et liront avec horreur ces incongruités en se signant pour éloigner le démon. Plus la peine d’être sapé en noir ce jour-là. Au contraire, des fringues couleur pétard sont souhaitées (je n’ai rien contre les excès ni le mauvais goût).
La musique sera joyeuse, enjouée et plutôt jazzy. Je fais une parfaite confiance à mon ami Stéphane Maggi pour réunir les musiciens adéquats qui seront payés avec un élastique et qui ne seront là que par amitié et pour boire un coup à ma santé (expression quelque peu maladroite, j’en conviens !). À la fin, quand tout le monde sera parti, j’irai peut-être alors trinquer avec La Goulue qui a sa tombe tout à côté

Et pour finir dans ce registre, cette extraordinaire sépulture que j’ai débusquée à l’étranger et qui dit tout sans faux-semblants :

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