Je serais bien en peine d’expliquer en termes clairs et précis comment Henri Moissan s’y prit pour isoler le fluor mais il est certain que ce pharmacien, qui fit ses études à Meaux, à qui sa découverte valut de recevoir en 1906 le prix Nobel de Chimie ne mérite pas l’ingratitude dont le gratifie la postérité.

Paule Fougère, dont j’eus la chance de recevoir l’amitié et dont je reparlerai ici, rappelle dans son livre Grands pharmaciens (Buchet-Chastel, 1999) qu’une grande partie de l’industrie moderne est sortie de ses expériences. Lampes à acétylène, chères à Charles Trenet, mais aussi tous les dérivés de ce gaz : … les produits de détachage, les vernis, les matières plastiques, les soies à l’acétate, le caoutchouc artificiel, toute une industrie nouvelle qui est sortie des travaux de Henri Moissan.
Pourtant, son patronyme demeure méconnu. C’est que l’homme était modeste; ajoutons que son tombeau se cache dans un secteur du Père-Lachaise (81è division) où peu s’aventurent et tout sera réuni pour qu’il ne fasse pas le poids face aux acteurs à la mode qui drainent vers leur sépulcre des foules impatientes. Même sa mort porte la marque de l’infortune : il succomba, à seulement cinquante-six ans, à une crise d’appendicite, au retour de Stockholm où il venait de recevoir la récompense de ses efforts. Un an avant lui, Pierre Curie, un mois après lui, Marcelin Berthelot décédèrent, ce qui leur valut bien des hommages. Tous deux aujourd’hui reposent au Panthéon, Moissan, non.

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