Nous voici à peine remis de l’élection présidentielle que, déjà, certains contours de visages et certains patronymes de candidats s’effacent. Or, qui se rappelle aujourd’hui Pierre Juquin (1988), Huguette Bouchardeau (1981), Bertrand Renouvin (1974) ou Louis Ducatel (1969) ?
Arrêtons le curseur sur le millésime 1965, celui de la victoire du général De Gaulle face à François Mitterrand. Parmi les candidats du second rayon, on en comptait plusieurs qui reposent désormais en banlieue parisienne sans plus guère recevoir de visites qu’ils ne recueillirent de suffrages.
L’avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour (dont le directeur de campagne s’appelait Jean-Marie Le Pen) est inhumé, non en Béarn (sa terre d’élection) mais à Orsay (il mourut octogénaire alors qu’il venait de se remarier) ; Marcel Barbu, le candidat lacrymal des « chiens battus » dort modestement à Sannois, sous un monument qui n’a rien d’ostentatoire ; Pierre Marcilhacy, décédé il y a vingt-cinq ans, le 5 juillet 1987, au cimetière nouveau de Neuilly, loin de sa circonscription charentaise. À son sujet, la presse manquait d’informations et insistait sur sa taille (2,01 mètres), peu fréquente chez les hommes de sa génération. Il aurait ainsi pu rester comme le plus grand (faudrait-il écrire « le plus long » ?) de nos hommes politiques mais il paraît qu’André Maginot, enterré à Revigny-sur-Ornain (Meuse), atteignait les 2,04 mètres.
Pas de second tour pour ces candidats qui chantèrent leurs propres louanges le temps d’une campagne. Peu de sillons dans nos mémoires, moins d’un demi-siècle après. Aucun engouement collectif à découvrir leurs dernières demeures.
Qui, lors du scrutin de 2062, se souviendra de Jacques Cheminade, Philippe Poutou ou Nicolas Dupont-Aignan ?

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