Le 6 avril 1956 mourait la comédienne Charlotte Lysès.

Née (sous le nom de Charlotte Lejeune) en 1877, et donc son aînée de huit ans, elle fut la première (devaient suivre Yvonne Printemps, Jacqueline Delubac, Geneviève de Séréville et Lana Marconi) épouse du « Maître » après avoir été la maîtresse de son père, Lucien, ce qui avait facilité le rapprochement. Elle avait débuté sur les planches en jouant Alfred Capus (dont je regrette la discrétion de la sépulture, dans la 93è division du Père-Lachaise) et Georges Porto-Riche (menacé de n’avoir un jour plus de tombe tant s’érode la falaise sur laquelle est établi le splendide cimetière de Varengeville-sur-Mer, en Seine-Maritime, où il repose).

Filiation méconnue, elle était la petite nièce du richissime banquier et philanthrope Daniel Iffla Osiris (1825-1907) dont l’imposant monument funéraire (une réplique, par Mercié, du « Moïse » de Michel-Ange) est connu de tous les amoureux du cimetière Montmartre.

L’union devait durer dix ans, le temps de créer parmi les premières des 124 pièces de son mari, Le K.W.T.Z. (avec Félix Galipaux, inhumé au Père-Lachaise, tout près d’Alfred Capus), Chez les Zoaques, La Prise de Berg-op-Zoom (avec Ellen Andrée, qui, au cimetière Montmartre, repose immédiatement derrière Sacha Guitry !) et surtout, en pleine guerre (octobre 1916), Faisons un rêve (avec Sacha Guitry et Raimu).

Séparée de Guitry en 1917 (ce dernier avait rencontré Yvonne Printemps dont le célèbre amant, Georges Guynemer, venait de disparaître en plein ciel), divorcée l’année suivante, Charlotte Lysès poursuivit sa carrière au théâtre (jusqu’en 1933) puis au cinéma (de 1933 à 1942), dans les pièces d’Alfred Savoir (également enterré dans les Alpes-Maritimes et dont j’avais retrouvé la tombe) ou Louis Verneuil (pour localiser sa sépulture, dans la 84è division du Père-Lachaise, se repérer au magnifique rosier), apparaissant devant la caméra de Marcel L’Herbier (bien peu visité au cimetière Montparnasse, 3è division) ou Maurice Tourneur (encore plus délaissé au Père-Lachaise, 71è division).

C’est à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes) qu’elle mourut, quinze mois avant Guitry, il y a soixante-six ans. Elle y repose, seule, dans un cadre extraordinaire (à l’autre bout du cimetière se trouve la tombe du journaliste Yves Hervalet), au-dessus des flots, avec en surplomb un petit enclos militaire belge que j’ai déjà présenté ici.

Plaque minimaliste pour elle mais cette mention :

Charlotte Lysès
Ex Mme Sacha Guitry
1877-1956