Il y a quinze ans, le 29 décembre 2006, mourait Anne-Marie Carrière.
Vous qui avez de la mémoire
Et ne méprisez pas hier,
Qui furent, qui sait, son auditoire
Aux « Deux Ânes » ou sur France-Inter,
Lorsque son talent oratoire
Emportait une salle entière,
Vous rappelez, je veux le croire,
Ses intonations familières,
Devant « Au théâtre ce soir »
(Aussi en Dorine, chez Molière,
Sacré rôle du répertoire
Quand elle était la partenaire
De Fernand Ledoux, dont la gloire,
Le redire est-il nécessaire ?,
S’attache aux noms de Jean Renoir,
Orson Welles, Clouzot ou Becker,
Carné, « Les Visiteurs du soir »,
Cayatte, « À chacun son enfer »…),
À la télé, en blanc et noir,
Où à un rythme hebdomadaire,
Sous le septennat de Giscard,
Dans une émission populaire
Présentée par deux Jean notoires,
Jean Bertho, gai et débonnaire,
Jean Amadou, fin et vachard,
Elle était Rose, la kiosquière
Qui trouvait dans tous les canards
Exposés sur son éventaire,
« L’Huma », « L’Aurore » et « France-Soir »,
De quoi nourrir ses commentaires
Et rendre le public hilare.
Sachant tout dire, ou presque, en vers,
La malice pour étendard,
Sa présence semblait singulière
Dans un monde où la femme est rare.
Pour trouver sa pierre tumulaire,
Se rendre à Bagneux, reposoir
Où sont Maillan, Piéplu, Denner…,
Et Anne-Marie, née Blanquart,
Connue sous le nom de Carrière,
Qui fut pionnière dans son art,
Spirituelle et jamais vulgaire,
Et demeurera dans l’Histoire
La première des chansonnières !