Trois figures des prétoires sont décédées ces dernières semaines.

Si Pierre Haïk a été enterré fin février au Père-Lachaise, Hervé Temime et Georges Kiejman reposent depuis peu au cimetière Montparnasse.

Le premier, né à Alger en 1957, orphelin de père à dix ans, était devenu un de nos plus célèbres pénalistes, défendant entre autres Bernard Tapie, Gérard Depardieu, Roman Polanski, Catherine Deneuve, Patrick Bruel mais aussi Jacques Servier ou François-Marie Banier.
Auteur de deux ouvrages, il était apparu dans plusieurs films dont Un prophète et Polisse. Par ailleurs, il avait à la ville formé un couple discret avec la comédienne et réalisatrice Valérie Lemercier.
Associé dans les années 80 à Thierry Herzog et Pierre Haïk, ce qui leur avait valu le surnom des « Trois H », c’est le soir-même des obsèques de ce dernier, le 24 février, qu’il fut victime d’un anévrisme de l’aorte et d’un grave accident vasculaire cérébral. Plongé dans le coma, il succomba à une dissection de l’aorte le 10 avril.

Maître Temime repose au centre de la 29è division, donc dans la partie souvent appelée « petit cimetière ».

Le second, fils de juifs polonais né à Paris en 1932 (son père mourut à Auschwitz), avait prêté serment dès 1953. Spécialiste du droit d’auteur, il plaida en faveur de Montherlant, Ionesco, ainsi que des héritiers d’Albert Camus, et défendit les droits des plus grandes maisons d’édition telles Gallimard ou le Seuil. Un de ses hauts faits d’armes fut en 1976 l’acquittement de Pierre Goldman, accusé du meurtre de deux femmes pharmaciens. Il fut aussi l’avocat du ravisseur du baron Empain, du gouvernement américain (en 1987, sa plus grande fierté professionnelle) dans le procès des Fractions armées révolutionnaires libanaises, de la famille de Malik Oussekine, des héritiers de François Mitterrand, de Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures de Mahomet, de la famille de Marie Trintignant ou encore de Roman Polanski.

D’octobre 1990 à mars 1993, il avait mis ses activités entre parenthèses afin de servir trois gouvernements socialistes, occupant successivement les fonctions de ministre délégué à la Justice (1990-1991), ministre délégué à la Communication (1991-1992) et ministre délégué à la Coopération internationale et au Développement. Si le deuxième de ces trois postes lui apporta la satisfaction d’être à l’origine de la chaîne de télévision Arte, il ne cacha jamais que son dernier maroquin lui avait laissé amertume et frustration en raison de ses rapports exécrables avec son ministre de tutelle, Roland Dumas.
Figure du boulevard Saint-Germain, aimant toujours être proche de fort jolies femmes (le seul héritage qu’il disait tenir de son père), il avait épousé en 1973 Marie-France Pisier puis en 1983 la journaliste de TF1 Laure Debreuil, à l’état-civil princesse de Broglie.
Maître Kiejman repose à l’intérieur de la 30è division, non loin de Maître Temime.

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