Après celles de Léo ChauliacRoger MooreAlfred SavoirRémy Kolpa-KopoulClaude MoliterniArnaud HamelinPaul TourenneEmmanuel MaubertBernard SpindlerMichel de BoüardGepetto Ben GlabrosJacques MoraliIda RubinsteinRodolphe de BattineJeanne BlochPierrette FleutiauxBruno BayenJean-Pierre JoulinHenri Negresco, Peter Dean, Roger Marino, Emil Cadoo, Henri BeloloPhilippe Ogouz, Yves Hervalet,  Maurice Vamby et Frédéric Plessis, une nouvelle sépulture inédite de célébrité…

Combien de fois avons-nous lu son nom à la fin d’un générique télévisé ?

Marion Sarraut (1938-2021) fut une des premières réalisatrices du petit écran, en particulier pour les émissions de variétés concoctées par Maritie et Gilbert Carpentier. Elle contribua aussi à la réussite de programmes pour la jeunesse tels L’Île aux enfants ou Les Visiteurs du mercredi.
Petite-fille du président du Conseil Albert Sarraut, elle avait débuté comme comédienne au temps de la Nouvelle Vague (elle apparaît dans Tirez sur le pianiste de François Truffaut, Une femme est une femme de Jean-Luc Godard et Le Signe du Lion d’Eric Rohmer) et participé à la création des Cahiers du cinéma.
Elle signa aussi à partir des années 80 de nombreux épisodes de fameuses séries télévisées (Julie Lescaut, Les Cordier, juge et flic, Une femme d’honneur, Louis la Brocante, Père et Maire, Fabien Cosma…) et mit en scène plusieurs pièces de théâtre.
Elle mourut à 82 ans en juillet 2021.

Je retrouve l’anecdote suivante, contant ses mésaventures avec Rudolf Noureev, dans le livre Merci les artistes ! (Anne Carrière, 2001) écrit par Maritie Gilbert Carpentier :

En effet, grâce à Zizi (Jeanmaire) et Roland (Petit), Noureev avait accepté de participer à l’émission pour un pas de deux et un solo. Il y avait des années que nous souhaitions le recevoir. On nous avait bien prévenus de son comportement capricieux et difficile, mais il a un tel talent, un tel charisme, que nous étions prêts à tout supporter.
En fait, il arrive seul, ce qui nous surprend, et se montre relativement aimable. Il inspecte le sol, refait pour lui, délimite le champ dans lequel il va se mouvoir, et on l’emmène se préparer dans sa loge. Chemin faisant, il nous dit qu’il ne pourra faire qu’une prise parce que la performance est trop fatigante. C’est toujours un peu angoissant à entendre, mais que faire, sinon l’accepter ?
Nous regagnons la régie où Marion Sarraut règle ses plans avec une doublure qui exécute le trajet du danseur (en marchant, bien sûr) lorsqu’un homme d’une trentaine d’années, que nous n’avions pas remarqué, se présente et s’interpose :
– Je suis le secrétaire de M. Noureev. Ca ne va pas, vos caméras. Elles sont trop basses. M. Noureev n’aimera pas.

– Mais plus les caméras sont basses, dit Marion, plus les jambes paraissent longues et plus la silhouette est belle. Regardez. Si je les fais monter, il va paraître court sur pattes. Ce sera affreux : tous les danseurs savent cela.
– Madame, M. Noureev ne fera qu’une prise et je vous jure qu’il refusera vos cadrages. Faites comme vous voulez, mais je vous aurai prévenue.
Noureev arrive sur le plateau. La réalisatrice tente de lui parler, mais il la prie de tourner sans le faire attendre. Et l’on tourne. Puis on lui demande de venir lire la prise. Dès les premières images, il devient vert de rage et traite la pauvre Marion d’incapable. Elle se défend en disant qu’elle a suivi les instructions de son secrétaire.
– Quel secrétaire ? demande Noureev.
On se tourne vers le siège où l’homme se trouvait encore il y a quelques minutes… Il a disparu.
On ne saura jamais s’il s’agissait d’un fou, d’un mauvais plaisant, de quelqu’un qui voulait se venger (de qui ?)…
Mais finalement, impressionné par cette histoire et comprenant qu’il va faire le jeu d’un personnage hostile en ne tournant pas la séquence, Noureev dansera une seconde fois et sera sublime. Après toutes ces années, cette histoire me met encore mal à l’aise quand je la raconte.

Marion Sarraut repose à Paris, au cimetière des Batignolles, précisément dans la 6è division.

Que les trop rares visiteurs de cette nécropole si méconnue ne l’oublient pas.