Sur son piton, Èze est un des plus pittoresques villages de France.
Face à l’église, son cimetière étagé aux allées étroites où chaque place se révèle précieuse laisse un souvenir marquant.
Francis Blanche (1921-1974) en est le plus célèbre occupant mais sa tombe y est ô combien discrète.
Que dire sur lui ? Ceux qui le connaissent savent qu’il était pourvu de tous les dons, auteur, comédien, chanteur, poète. Les autres ne doivent pas demeurer plus d’une minute dans l’ignorance de son génie et se précipiter vers sa Pince à linge (la 5è de Beethoven revisitée), son duo délirant avec Pierre Dac (Le Sâr Rabindranath Duval), son interprétation de maître Folace dans Les Tontons flingueurs ou, dans un autre registre d’émotion, écouter sa Vieille Anglaise ou lire ses poèmes (Mon oursin et moi) qui dévoilent un être nostalgique et désespéré.
Je ne me rends pas souvent sur place mais constate à chacun de mes passages que son nom et celui d’Evelyn, sa seconde épouse, s’effacent de manière irrémédiable…
Sa célèbre épitaphe (Laissez-moi dormir…, j’étais fait pour ça…) ne se déchiffre plus. Remémorons-nous le poème dont elle est la conclusion :
J’ai rêvé ma vie
les yeux grands ouverts
me suis réveillé
quand c’était l’hiver
La neige était là
le ciel était gris
le vent était froid
je n’ai pas compris
Mes beaux soirs d’avril
que j’avais rêvés
où donc étaient-ils
j’en aurais pleuré
Faites-moi plaisir
commencez sans moi
laissez-moi dormir
… j’étais fait pour ça…
On citera aussi deux défunts notoires enterrés ici :
Lady Sylla Dinshaw Petit (1903-1963), née Tata, fille, soeur du célèbre industriel J. R. D. Tata, inhumé au Père-Lachaise.
Michel-Marie Poulain (1906-1991), peintre. Né homme et devenu femme, elle fut aussi mannequin, danseuse de cabaret et une des figures du Paris artistique et mondain, saluée par Jean Anouilh ou Charles Trenet.
Ses tableaux s’apparentent à ceux de Bernard Buffet.