Le peintre Jacques Majorelle (1886-1962), fils de l’ébéniste Louis Majorelle, était tombé en 1917 sous le charme de Marrakech alors que, réformé en raison d’une maladie pulmonaire, il voyageait en quête d’un climat chaud et sec.
Quelques années plus tard, il avait acheté, en deux fois, un terrain en bordure de la palmeraie et y avait édifié successivement deux villas destinées à abriter sa résidence et son atelier. Il avait tracé les plans de la première, la villa Bou Saf Saf, et confié ceux de la seconde, mêlant styles mauresque et Art Déco, aux architectes Robert Poisson et Paul Sinoir. C’est cette dernière qu’il peignit en 1937 de ce bleu/outremer devenu le « bleu Majorelle ».

Il créa par ailleurs un prodigieux jardin exotique, composé de centaines de plantes ramenées du monde entier, qu’il ouvrit au public en 1947.
Décédé à Paris, Jacques Majorelle fut inhumé, auprès de son père, à Nancy, au cimetière de Préville.

Laissé à l’abandon, l’ensemble, menacé de destruction par un projet d’aménagement de complexe hôtelier, fut acquis en 1980 par le grand couturier Yves Saint Laurent (1936-2008) et l’homme d’affaires Pierre Bergé (1930-2017) qui possédaient déjà deux propriétés à Marrakech. Le couple s’installa dans la villa Bou Saf Saf, rebaptisée villa Oasis, dont il fut depuis écrit que ses murs dissimulèrent bien des turpitudes, et transforma le jardin pour lui rendre sa splendeur passée.

Ouvert (en partie) au public, le jardin Majorelle (situé rue Yves Saint Laurent) accueille désormais 700000 visiteurs chaque année qui découvrent, sur près d’un hectare, son ambiance envoûtante, la richesse de ses collections botaniques, sa bambouseraie, ses bassins ainsi qu’un musée berbère, portant le nom de Pierre Bergé, aménagé au rez-de-chaussée de la villa Majorelle. Depuis 2017, à deux pas, un vaste et moderne musée présente des œuvres de Louis Majorelle et Yves Saint Laurent

Décédés en 2008 et 2017, les deux hommes furent crématisés et leurs cendres répandues dans la roseraie (qui ne se visite pas).

En revanche, au fond du jardin, un cénotaphe, accessible à tous, leur est dédié sous la forme d’une colonne romaine de Tanger.