Situé sur une éminence, ce cimetière se déploie autour de la vénérable église abbatiale de Moifond (XIIè siècle), du nom d’une ancienne commune rattachée à Pusignan voici deux cents ans, au puissant clocher rectangulaire.
Pas de végétation mais une jolie vue sur les collines environnantes, au-delà de la gare TGV et de l’aéroport Saint-Exupéry situés juste en contrebas, ainsi qu’un ensemble de stèles et de dalles anciennes, certaines collées à l’édifice, et même une dalle préservée désormais au milieu d’une allée, confèrent au lieu un indéniable charme.
Un célèbre enfant du pays repose ici, auprès des siens, le comédien et chanteur Jean Parédès (1914-1998), sans aucun rapport avec le DJ colombien qui est aujourd’hui son homonyme.
Important second rôle du cinéma français de l’après-guerre (de Fanfan la Tulipe à French Cancan en passant par Si Paris nous était conté), il fut surtout un homme de théâtre, membre de la troupe Renaud-Barrault, classé parmi les « rigolos » mais jouant Shakespeare, Molière (à ce sujet je me rappelais avoir lu son nom dans le Journal (Nabe’s Dream, Journal intime 1, éditions du Rocher, 1991) de Marc-Édouard Nabe : Depardieu a tort de jouer Tartuffe. C’est une gageure en forme de malentendu. Il n’a rien à voir avec Tartuffe. Il y a des cons pour croire aux contre-emplois et vanter la « composition ». Les ignares lui opposent Michel Bouquet, Robert Hirsch, Galabru, Duchaussoy, et toute la clique des « Français » bigorneaux. Je me souviens, moi, d’un Tartuffe déjà plus impressionnant et dont on ne parle jamais : l’ignoble salivard Parédès, en vieux lézard visqueux impeccable…), Tchekhov, Feydeau, Giraudoux, Anouilh ou Ionesco (il incarnait ainsi le Logicien à la création de Rhinocéros en 1960). Il fut aussi au théâtre, en 1957, dans Hibernatus le premier Hubert de Tartas, rôle que devait reprendre douze ans plus tard Louis de Funès au cinéma.
Chanteur (on le vit dans La Vie parisienne), il connut son plus grand succès populaire en 1977 avec le générique de l’émission de TF1 Eh bien, raconte ! : J’ai perdu ma chute.
La face B de ce 45 tours, L’Antiquaire, ne mérite guère qu’une écoute distraite…
Son dernier film fut Chouans ! de Philippe de Broca, en 1987.
La mort de Jean Parédès passa inaperçue car survenue le 13 juillet 1998, lendemain de la victoire de la France en Coupe du monde.
Autre personnalité du lieu, le général André Roy (1920-2012), commandeur de la Légion d’honneur.
Nous rencontrons aussi Adolphe Chapoutier (1920-1967) qui fut maire de la commune de 1959 à 1967, et l’un de ses successeurs, Pierre Grossat, paysan, qui lui n’administra la commune que de juillet 2020 à mars 2021.
On notera également la présence d’une stèle russe moderne, de deux plaques (sur deux tombes différentes) à la gloire du cyclisme, ainsi que cette épitaphe : « Même séparés, nous ne serons jamais désunis. »
Le village de Pusignan est pourvu d’un second champ de repos (plus récent), joliment baptisé « Cimetière sous Roche », que je vous présenterai ultérieurement.